Pierre Henry
Une scène d'enceintes, et un gros cube de basse en guise d'orchestre symphonique. La foule des grands soirs, Automne en Normandie attire au delà du département, et l'invité du soir déplace même des cars. Il est rare en effet de voir l'un des papas de l'IRCAM, une des statues du commandeur de la musique électronique venir faire un concert, qui plus est à Rouen...
"Pierre Henry 8.0" est le nom astucieux du spectacle. Le vieux monsieur de la musique concrète fête ses 80 ans et pleure son ami Béjart, qui a dansé sur tant de ses créations qui est parti hier. Le concert est emprunt de cette tristesse, que Pierre Henry semble parfois transformer en rage. En cliquetis explosifs en image d'apocalypse parfois lunaire et parfois sous-marin. La Toccata, une création 2007 est pessimiste mais belle. Et c'est un plaisir d'entendre, enfin, une oeuvre dans des conditions sonores comme celles-ci. Quant à "La 10ème remix", c'est le gros morceau de la soirée, qui fait appel à des dizaines de samples, de boucles, de triturages de pièces de Beethoven au milieu de sons urbains, de sons de travaux, de cris d'enfants ou de bruits de troupeaux. Le résultat est très sensoriel.
Le concert se termine sur un hommage attendu mais sincère et émouvant à Béjart. Sous un déluge d'applaudissement. Tant pour celui qui est parti que pour celui qui reste. Et pour longtemps, on l'espère.