C'est le matin, la poussière pas encore réveillée à du mal à tourbillonner dans les rues vide et le silence de la ville commence à se racler la gorge dans les vapeurs au colza des bus réguliers. La lumière est jaune et se prépare pour être à son plus haut, quelques heures d'entrainement et l'envie de dormir se sera transformé en une envie d'être en dehors du bureau. Ca darde timidement, mais la langueur est déjà là. Les habituels travailleurs pressés, pressurisés, égorgés dans les convenances d'une vie de bureau trainent un peu plus le pas, et je les imite. Dans le walkman, "A night in the Show" des frères Paboeuf, dont on reparlera, égraine une ritournelle détendue qui ne porte pas non plus à l'allongement de la foulée. La Seine n'est plus grise et sournoise , sale et tempétueuse, mais douce comme un ruisselet. Pour un peu, on se croirait dans une ville sans remous, avec juste ses slogans ineptes pour quartiers sans histoires et ses nazis du feutre qui se croient insondables rebelles. De l'autre côté de l'eau, la nuit semble encore bien emprise, derrière les volets de rouille rutilante des marchands divers qui ouvrent sur le Monde à heures fixes. Bien sur, il y a le bar chelou qui offre une bouteille de vodka pour une achetée avant l'heure du laitier et l'épicier grognon qui vend des trucs trop cher à des gens trop vieux... Mais le jet d'eau est tranquille ; c'est l'heure d'aller bosser...
Mais quand même, on dirait bien que c'est l'Eté.