Pandelis Karayorgis
Poulain des frères Maneri, qui l'ont certainement poussé à enregistrer ce disque, Betwixt, chez Hat-Hut, Pandelis Karayorgis, qui aura du mal à planquer son hellenité, est un clavieriste redoutable, d'autant plus quand il peut distiller son groove sur le son nasillard et funky d'un Fender rhodes. Comme le dit fort justement Art Lange dans les notes de pochette, l'instrument choisi habille différemment la musique que l'on joue, et la texture du son donne plus d'indication parfois que le rythme ou la structure musicale.
En choisissant le Rhodes, Pandelis, accompagné en trio par le bassiste Nate Mac Bride et le batteur Curt Newton, deux solistes américains qui "font le métier", Karayorgis décide de donner un ton seventies a une musique complexe, drue, et s'empare ainsi d'une dynamique plus légère. Ce son urbain et électrique pourrait être plus étouffant, il est plus primesautier, et ce jazz d'une très bonne facture prend plus de relief.
Il y a force reprises sur ce disques, et le Rhodes en redonne une autre interprétation : du Sun Ra, du Shorter qui deviendrait presque une évidence et du Monk, dont le Light Blue sonne si différemment qui ne semble pas émaner du même père...
C'est le tour de force de Karayorgis, donner un son presque "acide" dans le sens lysergique du terme à des standards plus sages, sans pour autant s'embringuer dans des transformations fumeuses.
Et une photo qui n'a rien à voir... Ce n'est même pas un navire grec !