Quartier du Faisan - Max Nagl Ensemble
Max Nagl est un garçon remarquable, tristement méconnu en France, et qui est pourtant à mon sens l'un des grands saxophonistes alto européen, auteur d'un jazz coloré, efficace et raffiné, avec des compositions complexes.
Complexes mais véritablement ouverte sur le monde et les autres, et des influences multiples, du jazz de grands ensembles à la musique de chambre en passant par un hardcore pulsatile ou de la musique foraine. L'Histoire raconte que ce musicien autrichien a commencé à apprendre son instrument dans les flonflons de la musique de fanfares alpestres, et ce serait faire une erreur que de l'obérer.
Non que la musique de Nagl est une sorte de concentré d'Oktoberfeist, mais la note est tenue et s'enroule comme un lierre amoureux autour de la basse de Achim Tang, le pivot de l'ensemble, de cette "New Alpine Music" que nous sert Nagl et ses 9 comparses ; un tentet de chambre qui offre dans "Quartier du Faisan" (le titre est en français mais c'est bien dans le Fansanviertel de Vienne que nagl a grandit) une musique des masques, une interprétation de morceaux paraissant classiques d'un répertoire jazz lambda mais qui semblent fièvreuses, altérées, désunies sans que jamais -bien au contraire- cela ne sonne faux. C'est une petite collection intime de styles surannées, de plans d'évidence traités comme à la pierre ponce par un sculpteur de son qui a la grande classe de ne jamais filer dans la caricature. Ce sont des compositions orchestrales d'une rare finesse où d'un coup une petite chose se dérègle... Et c'est ce qui en fait la grande poésie.
Et bien sur, une photo qui n'a absolument rien à voir...