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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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30 mai 2009

Ne reste pas trop longtemps auprès de moi

La chanson Humanitaire est certainement le truc le plus pénible qui a été inventé depuis l'harmonica.
Comme la chose est en général conçue pour plaire au plus grand nombre, c'est dans le meilleure des cas une bluette sans intérêt qui sentimentalise à toute vibure, et dans les cas les plus extrêmes, c'est une reprise répugnante de Status Quo en Français qui a du être à l'origine de l'incendie de tous les greniers à blé du Caucase par Gengis Khan en 1279 (par anticipation).
Ce matin, en faisant mon tour de net, j'ai découvert grâce à un blog de "jazz" qui ne m'émoustille guère mais qui est dans ma carte routière qu'un ingénieur du son avait entrepris d'enregistrer autour du monde des musiciens de rue chantant des chansons pénibles tubesques pour montrer que la musique, elle fait rien qu'à rassembler les hommes, qu'en plus on est tous frères et que la guerre c'est mal et que si on faisait une grand chaine de l'amitié tout autour de la Terre, et ben ce serait magnifique. L'exemple le plus populaire, c'est "Stand By Me", le tube R'n'B de Ben E. King qui caricature un blues édulcoré et qui s'appuie sur une mélodie tellement évidente que ça peut se triturer dans tous les sens...
Bons sentiments, chanson, caricature, mélodie évidente... Vous le voyez venir, on ne va pas tarder à causer Reggae !
Evidemment, ce n'est guère aisé de dire du mal de ce genre de projets. C'est consensuel, et ça part d'un bon sentiment. Mais les bons sentiments, c'est comme les accords parfaits : c'est bien joli, mais ça n'appelle pas toujours à la réflexion.
Dans les années 80, avec Real World et autres engeances, les musiciens de pop sont allé s'intéresser aux musiques traditionnelles des pays du sud, principalement, afin de les mettre en lumière. Si certains partaient eux aussi d'un bon sentiment, le résultat fut souvent dramatique : lissage de la musique, transformation au format pop, ajouts d'instruments "rock" sans réel projet artistique... Plutôt que de populariser une expression, de permettre aux artistes de développer des projets, on a souvent enrobé tout ça d'un poisseux salmigondi bien souvent teinté de reggae. Ce n'est pas la première fois que j'en parle. Le problème n'est bien sur pas le mélange, mais il doit se faire de gré, sans imposer une culture sur une autre, et surtout avec un projet musical, un vrai, histoire de faire mousser quelque chose !
Le projet "Playing for Change" veut installer des écoles musicales. Très bien. Sur quelles bases ? Celles de la musique occidentale ? Celles d'une rythmique reggae, ce cheval de Troie de la globalisation ? même sur les chansons indiennes traditionnelles ? Lorsqu'on écoute les chansons déjà enregistrées, ça y ressemble.
Désolé, mais je ressors mon LeRoi et mon Cecil...
Si on ajoute à celà que le projet est soutenu par Starbucks et Universal...

On se dit qu'il vaut mieux regarder une photo qui n'a strictement rien à voir !

08_Garenne_Br_tignolles


Commentaires
F
Je ne pense pas que ce soit tourner en rond que de relever que finalement, dans notre échange, il y a deux logiques de l'industrie musicale qui se font jour : celle du pragmatisme et celle de l'intransigeance. On sait qu'il y en a une troisième, celle du fric-roi, mais celle-là, on la laisse de côté.<br /> Dans nos deux visions, aucune n'est supérieure à l'autre. Je dirai qu'il y a juste une différence -utilisons les gros mots- politique.<br /> Le pragmatisme, c'est la politique éditoriale de Real World, Blue Note, etc... C'est de produire des trucs de qualité moindre pour obtenir son indépendance éditoriale par l'argent. Le risque, c'est de "tomber" dans une facilité où cette politique ne sert plus que le prétexte.<br /> L'intransigeance, c'est la politique de Hat-Hut, c'est de sortir des produits avec un parti-pris artistique fort et qui ne cherche pas le plus grand nombre. Le risque, c'est de rester dans un pré-carré d'initiés un peu fermé et de ne jamais trouver un public plus large.<br /> Cette dialectique existe depuis les débuts de l'expression artistique, et dans tous les domaines. Heureusement, elles se nourrissent mutuellement :-)
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L
Je sens que cette discussion risque de tourner en rond, donc je vais tâcher de faire court.<br /> Je comprends bien ton point de vue, et le partage même en partie.<br /> <br /> La véritable question de fond me semble être : est-ce parce qu'un label comme Real World a ses vices (les trop nombreux "viols" musicaux de Michael Brook, par exemple), qu'il faut tirer dessus à boulets rouges, et faire fi de ses vertus ?<br /> <br /> Pour moi, la réponse est "certainement pas".<br /> Et comme nous ne vivons pas chez les Bisounours, s'il faut qu'un Afro-Celt Sound System sorte pour financer un Geoffrey Oryema, je dis amen (et plutôt deux fois qu'une, parce que personnellement, ACSS, j'aime assez).
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F
Je reviens. Ce qui m'ennuie avec la "World', c'est son côté à sens unique : c'est une forme de colonisation musicale, faite sans doute avec les meilleures intentions du monde, mais qui reproduit certains schémas. Les musiciens ont le choix ? Pas celui de la maille, et faut bien se dire que c'est ce qui fait marcher certains intérêts musicaux !!<br /> Les projets musicaux qui se font de gré à gré, ils existent, spontanément, je pense à Bob Brozmann, guitariste ricain venu se confronter au maître Debbashish Bhattasharia pour trouver un langage commun, pas venu imposer son son électrique aux indiens, mais venu au contraire "désapprendre" sa musique. <br /> Ce qui m'agace dans cette musique, c'est que lorsque l'on dit que la musique est un langage universel -et c'est vrai-, on prends toujours la musique occidentale en étalon. Etonnant non ?<br /> NFAK, il a certes travaillé avec ses gens là, mais comme tu le dis, il a aussi mener un travail de métissage, un travail d'invention d'un nouveau langage... Et son travail avec Real World lui a sans conteste permis de financer tout cela. Ca ne veut pas dire pour autant que ça avait un sens, artistiquement parlant.
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F
J'ai bien dit qu'il y avait quelques -quelques- sorties intéressantes (Rose, Oryema, Marie Boine, etc...) et j'écouterai ce que tu me dis.<br /> Pour le reste, je te répondrai plus tard, là faut que je m'en aille -chouette cet échange- ;-)
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L
Le cas Afro Celts mis à part (groupe monté par un guitariste anglais, rejoint par des musiciens venus d'ailleurs), qu'est-ce qui te fait penser que ce ne sont pas les artistes eux mêmes qui ont - consciemment et librement - choisi d'intégrer ces sonorités occidentales, ou cette façon de mixer l'enregistrement qui ne te plaît pas ?<br /> <br /> Pour étayer mon propos, je pourrais dire que NFAK n'est jamais vraiment rentré dans le moule de la musique folklorique (au sens noble du terme), le mariage du qawwalî et du chant khyal n'ayant rien de véritablement traditionnel à la base.<br /> <br /> Pour ne pas rester sur une mauvaise impression, tu devrais jeter une oreille sur Ashkhabad. Point de boîte à rythme ou d'instruments contre nature là dedans, et l'on sent pourtant que les musiciens se sont appropriés nombre d'influences occidentales pour les intégrer à leur musique.
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