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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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5 septembre 2009

Pyrrhus à la Vilette

C'est avec circonspection, pour ne pas dire méfiance, que j'ai enregistré la nuit dernière les "Victoires de la musique Jazz", mais du jazz à la télé, c'est comme un film de Lubitsch, ça ne passe qu'une fois tous les dix ans, ou sur des chaînes câblées improbables.
Il y avait aussi, j'avoue, une forme vaine d'envie cynique d'étudier l'inanité des commentaires ; la présence au micro d'Isabelle Giordano paraissait prometteur et ne me déçu pas. Mais avant d'attaquer cette part de lion, comme la crinière léonine de Robin McKelle qu'Isabelle remarqua avant toutes choses, quelque mot du contexte de la cérémonie et de ses prix.
Dans la hiérarchie télévisuelle, le jazz est en division d'honneur (posthume). Les "Victoire de la musique" (entendre variétés) bénéficie du prime time et d'un nombre de prix pléthorique. Les "Victoires classiques" sont diffusées en direct le dimanche après-midi pour prévenir les somnolences gériatres. Mais les victoires du "Jazz" (car tout ceci doit être bien cloisonné, n'est-ce pas, au cas où ça se mélangerait sans prévenir) n'offre que cinq prix, et n'est diffusé qu'après minuit et en différé.
Bonne nouvelle, les prix donnés par l'académie avaient un sens, même s'il est agaçant de voir que la somptueuse formation de Ducret a obtenu le prix après sa dissolution et n'aurait peut être jamais été distingué sans la volonté d'une poignée de passionnés d'en faire un disque. Mauvaise nouvelle, le prix du Public-qui-a-toujours-raison-et-qui-n'avait-aucune-chance-d'être-truqué-la-preuve-j'ai-voté-plusieurs-fois a de quoi faire tomber de l'armoire.
L'émission fut au délà de mes attentes. Enfin pas dans le sens positif de l'attente, je le crains.
Dés l'entame, Isabelle nous présenta Caravan Palace, qui est au Jazz ce que la famille Guetta est à la musique électronique, non sans avoir invoqué le pauvre Django qui a du en ouvrir une rotisserie à Samois sur Seine. Puis il y eu l'hommage aux disparus passablement grotesque, avec ce fantasme de jazz de club enfumé entre La Huchette et Manhattan qui n'existe peut être que chez les poseurs ou chez ceux qui n'en n'écoute pas. Pour finir, ce fut platitudes sur platitudes, de l'interprétation "un tout petit peu improvisée" à ce "Petite Fleur" "que nous aimons tous".
Pour un peu, on attendait presque un solo de Jean-François Copé.
On ne compta plus non plus les hommages complaisants aux fifties comme horizon indépassable, comme doudou "tellement si mieux"  pour une jeune génération jazz "respectueuse", présentée comme figée dans ses anthologies. Heureusement, le pauvre Médéric Collignon rebaptisé "trublion" -faut il ne jamais avoir été à un de ses concerts ou en possession de l'un de ses disques pour le réduire à cela- nous offrit comme à son habitude un des rares chouette moment de l'émission... Pour le reste, ce fut court : un bon morceau de l'ONJ, un morceau de Kerecki remarquable, un moment Free d'Emile Parisien...
Allez expliquer ensuite au grand public que la scène jazz est si vivace ! Non, le jazz n'est pas mort. Moins mort peut être que sa funeste représentation télévisée. Mais le jour où cela arrivera, soyons en sur, un groupe de mauvaise électro jouera "Petite Fleur" en costume d'école de Commerce.
Y'aura peut être même Jean-François Copé.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir.

37_Red_Plateau

Commentaires
L
Depuis qu'elle a pris feu, et comme c'est son derrière qui sembla le plus prompt à s'enflammer, l'expression "avoir le feu au cul" est née pour salir sa mèmoire. <br /> <br /> Et je tiens à préciser que certains adeptes de l'uchronie lui ont trouver le charmant sobriquet de "Jeanne la chaudasse". Je ne citerai point mes sources ici. Ce serait du copinage.
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L
Mes yeux s'embrument devant tant de beauté et d'érudition. Cet hommage à ce mot si particulier est touchant. <br /> <br /> J'imagine la scène : Jeanne, résignée, cheminant vers le bûcher comme un galérien sur le quai du Pyrrhée, cherchant des yeux un échapatoire mais ne voyant aucune solution pour se soustraire à l'ironie des choses de la vie (il est à remarquer par ailleurs que de cette époque est né le verbe empyrrher, qui a subi qqs modifications orthographiques depuis).<br /> <br /> Un dernier groumf avant la mort, le climax (sic) de tension à son comble, elle embrassa la mort.<br /> <br /> ...<br /> <br /> ...<br /> <br /> Et on l'appelle toujours Jeanne la pucelle ?
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L
... ou alors c'est ce qu'on appelle de l'anthologie là :D
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F
Comme tous les mots valises, le "Groumf" peut avoir plusieurs sens. Ta réaction est légitime, car son acception vosgienne laisse entendre effectivement le contentement total. C'est le trou dans le gruyère. Le "bliss" anglais.<br /> En Normandie, le "groumf" est synonyme de renfrognement. De mauvais esprit. On notera que c'est pour un groumf mal saisi, heureuse qu'elle était d'avoir bouter l'anglois hors du sol du moyen âge que Jeanne fut transformée en marshmallow à la pomme à cidre. On la comprends la pauvre. Elle souffrait de n'avoir jamais été aimé bibliquement et cherchait la plénitude dans le lustrage des armures. le groumf à double-sens, tellement anglais dans sa pensée propre lui couta la vie (et sa taxe carbone).<br /> Aujourd'hui encore, les deux groumf perdurent. J'en veux pour preuve "l'undergroumf" qui veut dire à la fois, "être en dessous du groumf" à la normande, soit à dire "s'amuser" et "passer du bon temps sous la pluie battante à Bains les Bains" soit à dire s'amuser, mais tout de même être à deux doigts de se tirer une balle dans la bouche :-D
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L
A mon avis, le Groumf ne doit être utilisé que pour exprimer un contentement total. Sur l'echelle de la félicité, il est bien au dessus du ronronnement félin. <br /> <br /> Je crains que tu ne l'ai utilisé à mauvais escient. <br /> <br /> <br /> <br /> (Mauvais escient n'a rien à voir avec l'Arménie)
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