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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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30 novembre 2009

Stephan Oliva - Stéréoscope

La sortie d'un nouvel album du pianiste Stephan Oliva est toujours un évènement. De ses errances dans les musiques de Bernard Herrman en passant par les introspections en miroir dans les duos avec Foltz ou Tchamitchian, il s'impose depuis une dizaine d'année comme l'un des meilleurs pianiste européen, développant une musique personnelle, pleine d'image et de couleurs, extrêmement poétique et onirique, d'une profondeur remarquable.
Lorgnant tout autant vers Debussy que vers les musiques cinématiques (outre les musiques de Bernard Hermann pour Scorcese ou Hitchcock, il a mis en musique une version du Loulou de Pabst), friand d'histoires et de scenarii portés par son clavier, Oliva donne toujours des images à voir, des paysages qui défilent avec plus ou moins d'acuité, parfois légèrement flou et trainant, parfois en hyper acuité, détaillant au tréfonds de l'âme. Ce fut le cas notamment dans ce magnifique album sorti en 2008 Äänet, véritable défilé dans les forêts polaires d'une Finlande fantasmée par un trio dont Oliva était la pointe avancée avec un Tchamitchian à la contrebasse voyageuse et charnelle, trio qui est la forme ou le pianiste s'exprime le plus librement avec la profondeur qu'il sait trouver en solo.
Oliva s'était fait remarquer avec un trio au début de la décennie 90 composé de Claude Tchamitchian -toujours lui- à la contrebasse et Jean Pierre Jullian à la batterie. 18 ans plus tard, c'est ce trio que le pianiste réuni pour Stéréoscope, un disque tout aussi voyageur et fantomatique que les précédent, léger comme l'air parfois... Un disque également qui entérine la passion d'Oliva pour l'Image. Image musicale, bien sur, mais aussi cinéma, photo et graphisme. Il n'est guère étonnant de voir Philippe Ghielmetti chargé du chouette design de la luxueuse pochette ; cet album enregistré à la Buissonne, sur le même Stenway qu'Emler pour son solo porte le nom d'un instrument d'Optique de la fin du XIXème qui donnait du relief aux images photographiées. De la profondeur aux images, comme un beau résumé de la musique de Stephan Oliva. Mais de la profondeur aussi par l'alliance avec ses deux comparses...
Il y aurait des superlatifs à trouver pour le jeu très en avant d'Oliva et son entente avec la contrebasse élégante de Tchamitchian. Ne cachons cependant pas que ces deux là font partie des indispensables de ma discothèque. Ce duo se trouve tout seul et semble converser à l'infini que la musique soit fragile et presque mystique dans le morceau Nostalgia, avec un Tcham à l'archet qui fait des miracles, ou dans des morceaux d'un groove élégant, comme dans le magnifique "Cercles" de loin le morceau le plus réjouissant de l'album.
Réjouissant également par le jeu métallique et fort évocateur de Jullian, qui apporte sa musicalité dans son utilisation parfois unique des cymbales. "Cercles" qui donne là aussi de la profondeur au titre, le thème bouclé apparaissant vertigineux et chacun de musiciens pouvant creuser le champs des profondeurs.
Stéréoscope est un disque qui se déguste sur le long terme, introspectif et chargé d'émotion, qui remplit toutes les promesses portées par l'excellence de ses interprètes. Un indispensable...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

77_Vercors

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