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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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20 février 2010

Soletti & Besnard - Nocturne

Il est parfois des moments où la nuit s'étend au delà de ce que l'on voudrait. Il n'y a plus un bruit dans la maison, juste peut être quelque brouhaha urbain entêtant qui viendrai se répercuter au loin comme un flot lourd. La nuit se languit et nous aussi, et la tension lointaine qui se fait petite et cotonneuse, tout en étant présente et incontournable.
Le premier morceau du duo d'Aurélien Besnard et de Patrice Soletti sorti en 2004, baptisé Nocturne, justement comme l'album, explore dans une improvisation libre entre guitare et clarinette basse ce sentiment lointain d'un temps suspendu. Dans cette improvisation, la musique est comme un bloc solide qui se délite tranquillement, comme si le dialogue serein mais presque somatique de l'échange entre les deux musiciens sédimentait le silence, comme un abstrait en concrétion...
Soletti utilise sa guitare comme un être fait de chair, trouve des sonorités terriblement organique avec toutes sortes d'objets jusqu'à faire planer un tuner détuné sur les capteurs de la guitare, qui glisse comme des bribes de futilités terrestres et consuméristes répétitives (Magritte, en faux semblant étrange) ou hallucinées (Nocturne). Parfois, ses cordes se font tendues et fragiles comme un glockenspiel rouillé comme dans "l'alambic du lombric" ou s'enferre dans un rock délité et perdu d'avance dans un "road movie" sans issues, presque irrespirable...
Quant à Besnard, le son de sa clarinette basse pousse presque à la cristallisation. Nostalgique et profonde dans "Marine" et dans "nocturne", deux termes qui désignent aussi une peinture de la figure au ressenti. Il sait également se faire vulnérable ou métallique à l'envie.
Besnard sait imprimer une couleur, Le duo imprime un clair-obscur de l'instant qui transporte l'auditeur dans un ailleurs où tout n'est peut être pas sécurisant, mais est en tout cas magnifique ! J'avais dit récemment que j'avais découvert Rude Awakening sur le tard. A la fois, c'est le bonheur des découvertes, même si j'aurai voulu entendre ça en 2004.
Ça aurait fait gagner du temps sur la musique que j'aime.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

09_Fus_e_Cath_drale

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