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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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10 juillet 2010

Charles Mingus - Blues and Roots

Il y a quelques mois, à l'occasion de la vingtième année sans Charles Mingus, j'avais évoqué "Mingus Ah-Hum", splendide album de 1959 qui représente pour moi toute l'énergie et tout le sens de la musicalité de ce très grand bassiste. 1959, et au final tous les albums signés par Mingus chez Atlantic, reste un moment de grande création pour le contrebassiste...
Récemment, j'ai entrepris de réécouter quelques oeuvres de Mingus, car se régénérer l'oreille auprès de musiciens familiers est indispensable pour mieux envisager les nouveautés.
Parmi les disques de 1959 qui ont considérablement comptés, il y a le fabuleux "Blues and Roots", à la pochette tellement célèbre, et qui a elle seule évoque à la fois la rage apparente des cordes et la paix intérieure d'un musicien pour toujours ambivalent, entre l'âpreté apparente de sa musique et le raffinement des arrangements, la souplesse et l'intelligence de sa direction...
Blues and Roots est une volonté de se retourner vers une partie des origines de Mingus, lui qui était un monde à lui tout seul, son origine la plus forte, la plus sanguine, la plus présente, cet héritage afro-américain à travers le blues.
Un blues rugueux, virulent et leste qui laisse entrevoir à qui veut l'entendre dans cet album une orfèvrerie de timbre qui fait des miracles dans un morceau comme "My Jelly Roll Soul" en hommage à Jelly Roll Morton où le pianiste Horace Parlan est particulièrement remarqué, mais qui explose également dans la construction claudiquante d'une musique d'église pour le morceau "wednesday night prayer meeting"...
Car au delà du jeu de Mingus, pour lequel je manque de superlatif, il faut reconnaitre à cet album une concentration de talents assez vertigineux. On notera la prestation des deux trombonistes Jimmy Knepper et Willie Dennis, également très en verve sur Ah-Hum. Pour Moanin', morceau emblématique de cet album, où les lignes d'un blues frustre joués par chaque instrument deviennent peu à peu une pièce touffue, c'est le sax baryton du grand Pepper Adams qui est convoqué et donne à ce morceau ce sentiment de groove inexorable, primal, et cependant terriblement sophistiqué.
Blues and Roots est un album indispensable et intransigeant, qu'il convient d'avoir dans sa discothèque et dans sa mémoire...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

40_Camille_Cath_drale

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