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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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20 août 2010

Isabelle Olivier - Island #41

Quand on pense aux instruments de jazz, au premier abord, la Harpe ne vient pas forcément dans le peloton de tête. De fait, les harpistes ne sont pas légion à se réclamer du jazz et de la musique improvisée. On pense évidemment à Alice Coltrane, même si c'est plus en tant qu'organiste que celle-ci a été célébrée ou encore Dorothy Ashby. Il y a également Hélène Breschand, dans un registre plus confidentiel, qui reste l'une des plus grande improvisatrice à cet instrument... Et il y a Isabelle Olivier, une remarquable soliste qui a, ne le cachons pas, les suffrages de ces pages par sa sonorité, son implication, et l'approche de son instrument. Le fait qu'elle soit co-signatrice de la musique de l'un de mes films favoris "Les glaneurs et la glaneuse" de Varda y est certainement pour beaucoup...
Il y a quelques mois, j'ai eu le plaisir de chroniquer pour Citizen Jazz son dernier album, "My Foolish Harp", où elle multipliait les duos avec d'autres improvisateurs, pour un résultat plein d'émotion et de rencontre, d'une rare finesse. Si Olivier donne beaucoup de sa musique dans l'échange, l'exercice solitaire, à peine accompagnée par les ordinateurs d'Olivier Sens est une magnifique façon d'entrer dans son univers, et surtout de percevoir la largeur de la palette d'expression de ce fantastique instrument.
En 2005, Isabelle Olivier a sorti Island #41 qui est un exercice solo passionnant. Elle emmène son instrument dans des paysages changeants, dans des Micronésie musicales où la carte n'est pas de mise puisqu'ils ne sont guère cartographiés, qu'il peuvent embrasser le chant des baleines ("baleines", ça tombe bien) comme visiter les rives de l'Asie ("Alhambra"). Tout ceci est toujours organique et charnel, pas au sens compassé de la Harpe classique, mais au contraire au sens du musicien qui fait absolument corps avec son instrument et en recherche toutes les ressources.
La Harpe diatonique, héritière de l'un des plus vieux instrument du monde, que l'on retrouve sous différente forme partout dans le monde de la Kora mandingue au Koto japonais est un formidable outil d'improvisation. Isabelle Olivier peut heurter le bois, frapper ses cordes, grèneler de pizzicati délicats, frotter le métal, altérer le son en "préparant" sa harpe ou la boucler au sampler, le registre est toujours différent, évocateur, onirique et poétique.
Il y a deux temps forts dans Island #41, qui ne connait pas de temps faibles. D'abord tout ces moments où l'altération du son et l'interprétation D'Isabelle Olivier font voyager sa harpe du côté du Koto où de la guitare classique. Il y a enfin cette interprétation très personnelle du "Donna Lee" de Parker, devenu un peu cabossé et totalement réjouissant. Island #41 est un disque personnel, fruit de l'inventivité d'un grand instrumentiste.
C'est également un indispensable...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

50_Bord_de_mer

Commentaires
F
A vous deux et à Isabelle, alors, si il arrive qu'elle tombe sur cette note :-)
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C
Je surplussoie.
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S
Je plussoie. Et pour ne rien gâter, en plus d'être une belle musicienne, Isabelle est une belle personne. C'est dit.
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