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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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24 août 2010

Autoroutes

Le ridicule, c'est cet inextinguible horizon qui ouvre une myriade de routes à celui qui souhaite en emprunter la lourde quête. Voici en substance comment nous pourrions finalement accompagner le chevalier Hadopi dans son aventure.
Car depuis que ce funeste racolage de tout ce que les lobbys peuvent compter d'idées véreuses pour protéger les intérêts d'une petite poignée de majors feignant l'impécuniosité et le saignement intermittent de son petit cœur tout acquis à la "culture de masse" que de méchants internautes mangeurs d'enfants veut lui arracher tout-de-go, il n'est pas un instant où l'on est partagé entre la fureur et l'hilarité.
Parfois même les deux en même temps, c'est dire.
L'info est passée somme toute assez inaperçue, il faut dire qu'elle ne mérite sans doute guère plus qu'un mépris amusé, mais le premier fait d'armes des pouvoirs publics concernant Hadopi aura été donc de faire la promotion d'une loi réglementant le téléchargement de fichiers de musique jetable pour le compte de poussahs reconvertis dans la sonnerie de téléphone aux péages des autoroutes (privatisées comme on vend les bijoux de la grand-tante pour payer notamment ce genre de coups de com', notez le cynisme !). Peu importe que cette communication aura coûté 38.000 € qui aurait pu être investi dans le soutien à la création (et on en fait, des belles choses avec 38.000 € !), peu importe qu'un recours au Conseil d'Etat soit actuellement en cours et puisse être potentiellement suspensif... L'important c'est de faire croire que Hadopi a une utilité et résoudra le manque de moyen alloué à la Culture, qui n'a jamais été autant méprisée depuis l'après-guerre dans ce pays.
Après tout, cela, chacun sait que c'est une vaste blague.
Ce qui est surtout hilarant, c'est d'imaginer le publicitaire-à-dent-de-requin certainement satisfait de son idée, se rengorgeant pour annoncer qu'on allait distribuer des prospectus manifestement simplistes sur les autoroutes parce que -c'est une évidence- "autoroutes" et "autoroutes", celles des sandwiches en carton et celles de l'information.
C'est bon ça coco.
En plus, c'est pédagogique en diable, car dans la voiture, faute d'autres sujets de conversations, cela va permettre de renouer le dialogue parent/enfant. Du coup Kevin ne téléchargera plus de Rihanna illégalement, mais utilisera sa carte jeune. Digne des palmes académiques.
Évidemment, on pourra également dire que dans toute effort de communication, il y a un non-dit, un sens caché, voire un acte manqué, une lucidité inconsciente, sait on jamais. Car oui, Hadopi à sa place sur les autoroutes, il est même peut être au centre de sa raison d'être. Imaginons un instant que dans un éclair de franchise, le communiquant se soit rendu compte que les ayants-droits bêlants à la gloire d'Hadopi sont ceux que l'on retrouve le plus dans les présentoirs grinçants des aires autoroutières, sous forme de compiles fatiguées, entre un déstockage de vieux "Mon tricot" et de revues suggestives allemandes ? On crierait presque au génie.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

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