Comme je le disais dans un précédent billet, les bonnes résolutions sont de retour, et tant que la fatigue ne m'étreint pas trop, je vais essayer d'écrire le soir, plus tard. J'ai donc remis les lectures sur l'ouvrage, avec la ferme intention de ne pas les laisser à l'état de fulminances intimes et d'idées lumineuses qui rentrent au garage au premier coup de fil ou juste avant le bain de ma fille...
C'est grâce à la lecture de l'indispensable @mediamus sur Twitter que j'ai découvert cet article de Musique Info Hebdo que je n'ai hélas plus trop le temps d'éplucher. Ainsi donc, une grande enseigne caca-d'oie qui se reconvertit de plus en plus en quincaillier mainstream et en maison de confection pour quadra chauve fan de Metal fait peser sur les indépendants une obligation de reprise des stocks invendus comme condition invariable à de nouvelles commandes ? C'est une sensation étrange. Une sorte d'entre deux entre consternation et habitude, entre colère et bagatelle. Parce que c'est profondément injuste, si tout ceci est vrai, mais que ce vieux monde est derrière nous.
Mais c'est amusant.
Amusant parce que lorsqu'on va se perdre dans les couloirs de plus en plus désert à la recherche d'un ratatine-ordure ou un coupe-friture, on découvre au rayon de plus en plus congru alloué aux produits musicaux. Ceux-ci sont garnis de sémillants produits confectionnés à la chaîne par les majors et dont plus aucun ne se vend... Et pourquoi se vendraient- ils, d'ailleurs, toutes ces chanteuses-à-jambes, ces rebelles-à-mèches et ces gendres idéaux du consensus ? Leur public, pas dupe au fond de la qualité de la chose et de leur pouvoir d'achat, téléchargent avec la même ardeur pavlovienne que la chaîne qui produit ces produits périssables : sans trop savoir pourquoi et avec le moins d'investissement possible.
Amusant aussi parce que les tentatives de vendre le patrimoine Jazz/Rock/Classique à 6€ le disque se heurte à des abonnements illimités en streaming à 9€ qui permettent d'avoir accès à l'ensemble de ce patrimoine.
Amusant parce qu'il y a peu, ce magasin caca-d'oie s'enorgueuillissait de soutenir les tendances des indés pour se donner un vernis culturel ; mais on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, et ceux qui ont tâter de cette cigüe se retrouve à jouer les éboueurs de luxe d'un supermarché culturel qui n'a plus depuis des années de volonté de prescription. Où une prescription savamment marketé avec les majors pour le résultat qu'on décrivait aux paragraphes précédent. Pour s'en convaincre, on se rappellera l'épisode que je contais ici aux prémices antédilluviens de ce blog...
Parce qu'au fond, nous autres mélomanes, on s'en tape la trompe d'eustache avec un diapason. On sait depuis longtemps que la prescription se trouve dans les blogs et les revues indépendantes du marché. Que les disques s'achètent directement au label ou sur des sites froids et maussades mais où l'on trouve de tout, et tout de suite. Chez les disquaires-dealers amis qui connaissent votre discothèque et se font un plaisir délicieux à vous mettre le compte en banque à sac le 5 du mois. Ce n'est peut-être plus de l'industrie, mais de la création à-façon. Ce n'est peut-être plus la poule aux oeufs d'or, mais c'est la Liberté d'une création non-aseptisée.
J'y reviens une dernière fois, mais c'est cela qui me met en colère dans la volonté des jazzmin de remettre les majors dans la mêlée. Nous aussi on veux faire les éboueurs de Coldplay ? On veux des productions à la Manoukian ?
Sincèrement ?

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...