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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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18 décembre 2013

Henri Roger - No Meat Inside

Nous l'avions déjà évoqué dans l'année, en juin, au coeur de la Laponie, le pianiste -et guitariste- Henri Roger fait partie de ces personnalités atypiques qui font aimer encore plus les musiques de marge, car ils sont la certitudes d'une forme d'infinitude de la découverte.
De certitude de ne pouvoir tout connaître. Quelle joyeuse perspective...
Ca pourrait peiner de voir une montagne d'inconnu et de ce dire qu'on aura jamais assez de temps terrestre pour tout entendre ; on peut le voir autrement : quelle allégresse de ce dire qu'il reste encore tant d'inconnu.
Et quel ennui serait-ce de se persuader de tout connaître !
Mais revenons à Henri. Ce garçon a une impressionnante propension à réunir autour de lui des pointures, comme disent ceux qui aiment la musique de la Halle aux Chaussures. Constatez par vous mêmes : Tocanne, Duboc, Lasserre, Lesbros... Ca continue dans ce très beau No Meat Inside, un quartet sans batterie lancé dans une libre improvisation à la fois chambriste et farouche.
On y retrouve rien moins que Barre Phillips. Barre Phillips. Je ne sais pas s'il y a assez d'épithètes pour dire tout ce que ce musicien a apporté à la musique improvisée. Peut être suffit il de l'écouter, au coeur de "Friche" sur cet album...
Que dire de plus sur ce fantastique contrebassiste ? Son jeu d'archer, profond et plein de poésie fait des miracles dès  "Epars" qui ouvre l'album. Quand le piano de Roger frappe, tonne, va chercher sur le cadre de bois de son piano quelques sons inusités dans "Space Inside" qui constitue le coeur de cette rencontre, le contrebassiste est un roc qui ébrèche la masse du silence et offre toutres les possibilités à ses comparses pour le contourner.
Car au sein de ce quartet, on retrouve également deux musiciens du Klangfarben Ensemble, François Cotinaud et Emmanuelle Somer. L'échange entre Cotinaud et la formidable oboiste est le moteur de ce No Meat Inside. Ils se heurtent sans s'affronter, se caressent et se contournent.
Ce frottement continuel entraine la formation dans différents paysage où la quiétude n'est qu'une apparence. A tout moment, le ton du quartet peut bondir pour devenir nerveux et instable, et le ténor de Cotinaud comme le C-Melody de Somer peuvent jaillir d'un temps qui paraissait faible. Ils entrainent le piano dans des dédales et des friches inexplorées où l'humour n'est jamais loin. Voir ainsi les soudaines accélérations rageuses que l'on découvre dans "Drunk Track".
Il est palpable cet humour et cette complicité qui anime le quartet dans cet enregistrement public au club So What, près de Nice, dans le cadre du festival Jazz Sous les Bigaradiers. Dans les échanges entre Barre Phillips et le pianiste, les mots échangés, les interjections, les rires parfois on perçoit que ce goût pour l'mmédiateté est décuplé du fait de la présence du public proche, palpable, et lui ausssi complice.
N'en déplaise aux amis végétariens, No Meat Inside, qui parait sur Facing You, division de l'excellent label IMR de Bruno Tocanne, ne tient pas du manifeste anti-viandards. S'il n'y a pas de viande dans ce quartet, ce n'est pas non plus parce qu'il serait cacochyme ou nourri au sang de navet.
No Meat Inside, ce n'est pas la peau sur sur les os. Ce serait plutôt la viande nerveuse et rablée d'un félin véloce. Le genre qui ne se laisse pas croquer et qui se plait à compter vos abattis. Elle rugit même, parfois cette musique, dans un bel unanimisme avant d'en revenir à un grognement de contentement pour clore l'album sur le bien nommé "Ressort".
Voilà un disque à l'image de ses musiciens. Diablement joueur.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

02-Rouen-2

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