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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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27 mars 2014

L'Orphicube - Perception Instantanée

Insatiable. C'est le mot qui vient en premier lorsqu'on pose le nouveau disque de l'Orphicube d'Alban Darche sur la platine. Insatiable, Alban Darche l'est absolument, tant la fréquence de ses sorties de disque récente n'a d'égale que sa gourmandise de musique.
C'est tout le bonheur de l'ivresse, la partager en bonne compagnie, avec des comparse fidèles qui savent compléter les phrases des autres sans même se consulter.
Après nous avoir enchanté avec des Contes de Noël, avoir partagé la scène avec ses amis de JASS, voilà qu'il nous présente, avec un laps de temps proche de la gestation humaine, le nouveau bébé qu'il élève avec ses potes de l'Orphicube ; les mêmes que ceux de Xmas Box.
Parmi eux des fidèles : la racine de Cube, évidemment, le batteur Christophe Lavergne et le contrebassiste Sébastien Boisseau, qu'on retrouve à l'oeuvre notamment sur la rythmique puissante de "C'Baff", qu'on retrouvait déjà sur "Le Thé", second disque du Cube. Les fidèles des fidèles, le point de départ de tous les avatars de Cube.
Ici, le propos collectif d'un nonet très uni, emmené par le violon de Marie-Violaine Cadoret donne de l'épaisseur à un morceau dont la sécheresse était la signature initiale.
Alban Darche ou l'art de brouiller les pistes. Le premier Orphicube était sorti en août sur le jeune label Pépin & Plume ; Perception instantanée, ce second volet sort sur le label Yolk. Ce changement de label pour une démarche voisine pourrait étonner, mais il s'inscrit dans une volonté de mise en perspective ou plutôt de projection.
La moindre des choses pour cette équipe férue d'image qui aime à scénariser des films imaginaires au coeur de leur musique.
Il suffira de se pencher sur le magnifique "Mon Tribut à Tim Burton", véritable "standard" Darchien (qu'on retrouve hormis ici dans Frelon Rouge et les Budapest Concerts) et ses fantasmes victoriens de balkans obscurs pour s'en convaincre.
Les Perceptions instantanées de l'Orphicube, sont un chemin qui se faufile dans un imaginaire commun pour mieux frapper au coeur puis distiller une musique bien plus complexe et profonde qu'il n'y parait, à grand renfort d'arrangements subtils.
Avec cette nouvelle sortie, Alban Darche continue à cultiver des boutures de musiques populaire qu'il greffe sur ses propres plate-bande avec un orchestre plein de couleurs. C'est ainsi qu'ici, on retrouve un morceau comme "La Pascoalaise", que Darche avait déjà enregistré sur Frelon Rouge. Il y est question d'un Brésil de Chimère sur les touches de Nathalie Darche, un air qu'on sifflote et qui s'enfle peu à peu... Très vite, tous les soufflants, Rifflet et Ripoche en tête, suspendent et étirent le temps. Ils en profitent pour baguenauder dans l'atmosphère lumineuse qui s'est instauré. Les soufflants transforment, ajourent, affinent avec le concours de l'accordéoniste Didier Ithursarry, plus que jamais au centre des débats. Ils sculptent une musique familière, aux visées universelles pour la rendre unique.
Dans le premier Orphicube, il était question de peinture, avec une évocation de Robert Delaunay. Avec Perception Instantanée, il est plus question de matière et de volume, de jeu de lumière et d'espace. De l'ombre portée de la musique populaire et de son corps réel.
Ainsi, ce "Miramas Reggae" qu'on retrouvait déjà en 2001 sur Autorité Culinaire n'a de Reggae qu'une rythmique répétitive. Elle est noyée dans la palpitation de l'orchestre, mais elle définit absolument sa musique, dès les premières notes.
Une ombre qui danse plus vite que son squelette !
Pareil dans "Paso Doble" qui ouvre l'album : tout ressemble à une danse de bal populaire. L'accordéon s'échauffe, entraîne tout le monde dans son pas de danse... Mais très vite, la musique se dédouble, tangue comme éprise de boisson. Ce qui semblait un monolithe sans finesse devient un petit bijou de dentelle. L'ivresse encore. Elle fait décidément faire de beaux rêves, qui se terminent sur une scansion d'alphabet qui ferait presque penser à du Albert Marcoeur.
Que ce nectar est doux !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

21-Reflet

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