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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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25 octobre 2015

Hugues Vincent & John Cuny - Tagtraum

Hugues Vincent est un violoncelliste voyageur, particulièrement attiré par l'Asie et plus encore par le Japon, où il joue régulièrement et rencontre des musiciens de la région.
Un tour sur les témoignages vidéos qui hantent le net permet de le voir avec des joueurs de kotos, en concert au UrbanGuild dont nous parlent les amis de Rhizottome depuis quelques semaines sur CitizenJazz, ou avec le violoncelliste Yasumune Morishige. Une rencontre que nous avions évoqué il y a quelques mois, déjà sur le label Improvising Beings.
Vincent est un violoncelliste animé par les sons, par les réactions de son instrument à la frappe, aux caresses, aux interactions avec les objets... On le rapprochera de l'altiste Frantz Loriot, dont les attaches au Japon ont déjà créé les conditions d'une rencontre avec le violoncelliste. Là encore, c'est le net qui nous le révèle.
Le duo que Vincent anime avec le pianiste John Cuny n'est pas nouveau, même si Tagtraum est leur premier témoignage en disque. Cuny se partageait entre la musique improvisée et la musique contemporaine, avant de partir dans de nouvelles aventures au Cambodge. On peut constater, sur le "Hataraki Sugi" qui ouvre l'album de son approche très sensible du piano, et de sa capacité à jouer avec ses entrailles, assourdissant les notes dans un luxe de détail, rivalisant avec la sècheresse du violoncelle.

On a déjà entendu ce duo qui visite le coeur des instruments dans de nombreux lieu qui mélangent les expressions artistiques, et notamment des galeries d'art contemporain.
Peut-il en être autrement pour une telle musique vectrice d'images ?
Lorsqu'on écoute "Werther Wartet" et ces notes de piano qui rebondissent comme une balle qui chute sur l'archet de Vincent, suivi d'un silence fait de notes étouffées, c'est une sensation très naturaliste qui vous saisit. Il n'y a pas de querelles ou de surenchères, il y a deux instruments qui ponctuent une émotion née du silence, avec des interventions courtes, tour à tour très mélodiques et altéré par les mains qui se saisissent des cordes.
On aura la même sensation avec "Ari No Su" où les cliquetis semblent venir de partout, si bien qu'on ne sait plus de quel instrument ils proviennent, au delà du chant altéré de l'archet.
Là aussi, il y a du calme, et un univers de sensations parfois contraires, mais extrêmement évocatrices.
De la colère, on pourrait croire qu'il y en a dans les abysses de "Territoires Sous-Marins", lorsque le violoncelle se pare d'électricité, chose rare, pour chercher dans la distorsion des sons inédits que le ventre du piano sillone, se réfugiant dans la moindre anfractuosité. Mais il s'agit plutôt d'une exploration de la masse du silence, là encore, doucement éreinté par les cris électriques.
En allemand, Tagtraum signifie rêvasser. Ce sentiment de lâcher prise lorsqu'on ferme les yeux pour s'échapper du monde. Ce disque est une illustration parfaite de ce sentiment. Un disque à écouter dans un endroit tranquille, proche du demi-sommeil pour profiter pleinement des sensations.
Elles sont puissantes.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

127-Errance-Nagano

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