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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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8 décembre 2015

Bruno Angelini - Leone Alone

Le cinéma et la musique de film est un véhicule qui sied parfaitement au pianiste soliste. On l'a vu, par exemple, avec Stephan Oliva et sa libre errance dans la musique de Bernard Hermann et plus globalement dans les ombres du Film Noir. Il avait également évoqué Vaguement Godard dans un très bel album sorti chez [Illusions].
Une histoire de cinéma, là encore, piloté par Philippe Ghielmetti sur son beau label. C'est la même démarche qui conduit Bruno Angelini à se plonger dans Leone Alone, toujours sur le même label. On trouvera une démarche identique dans les deux disques et une pochette également soeur.
Angelini et Oliva prennent tous les deux leurs claviers pour aborder le cinéma de deux monstres sacré par la musique de leur film, mais par par leur compositeur.
La comparaison s'arrêtera là. Les deux pianistes sont des stylistes remarquables, mais ils agissent dans des registres différents. Oliva travaillent les basses, il prend la musique à bras-le-corps. Angelini est un amoureux des lumières changeantes, de la pénombre qu'il décrit avec une légèreté pensive. La main droite d'Angelini, qui nous avait récemment tant séduit dans Instant Sharing s'accomode du silence, elle joue avec la lenteur plein de tension qui marque souvent le cinéma de Sergio Leone.
Chaque instant est une image, et dans la musique d'Angelini seul comme dans les films de l'italien, elle peuvent être lente jusqu'à sembler fixe mais se rêveler dire une foultitude de chose.
On s'en aperçoit de manière cruciale dans les sept premières plages de l'album, une suite intulé "Giu la Testa" (Il était une fois la révolution en français, où on a toujours su accommoder les titres pour les rendre pénibles...). On pourrait s'attendre à une explosivité, à un jeu haut en couleur, mais Angelini choisi d'aborder l'esthétique du film par ses paysages. Ses grandes plaines que l'imaginaire n'a plus qu'à remplir.
Leone Alone.
Sergio Leone seul qui compose son image avec Bruno Angelini à la palette. On s'attend évidemment à Morricone.
Il est là, il est partout même, fantomatique jusque dans les citations avortées et les clins d'oeil légers... Y compris lorsque le pianiste s'empare du célèbre gimmick de "Il Buono, il brutto, il cattivo" dans la seconde suite.
Morricone a suffisamment habité les films de Leone pour leur a donné une identité populaire : la mélodie répétitive, aigrelette, vaguement goguenarde.
L'arrangement luxueux, à la limite du pompier, qui accompagne les duels... La musique est intimement lié à l'imagerie de Leone.
Et pourtant, que se passe-t-il lorsqu'on l'estompe ? Il ne s'agit pas de l'effacer. Bruno Angelini ne le fait d'ailleurs pas, il s'agit d'en faire un élément du décor parmi d'autre en s'attzchant à une véritable mise en scène.
Comme Leone, le pianiste mise tout sur les personnage. Sur les portraits serrés où chaque trait trahit une attitude. Il y a des coups de zooms rapide qui se traduisent par des martellements soudains, et des moments plus retenus, où l'on entend presque le coeur du piano dans une percussion sensible du bois. Et puis parfois quelques gouttelettes d'électricité au Fender Rhodes, pour rendre cet aspect alcalin des films de Leone.
Cette escapade est belle, on la conseille. On ne respire bien que dans les grands espaces, pour le moment...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

02-Flying-Saucer

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