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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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20 janvier 2016

Lilly Joel - What Lies in the Sea

Parfois, la musique qu'on écoute dépasse absolument ce qu'on en pense profondément. Parce qu'elle emporte, qu'elle plonge, que tire par la manche sans nous demander notre avis, à l'instar d'un psychotrope un peu malin, mais en moins cher, et en moins dangereux pour la santé.
C'est le cas du présent album : atmosphérique en diable. Une atmosphère qui est presque solide, limoneuse en diable, c'est à dire dense mais protéiforme, qui peut mouvoir au gré du ressenti : une nuit pluvieuse dans les petites lumières de la ville dans "I Sea Star" et un silence impavide qui tutoie l'immensité dans "Wij de Wolken" dans lequel on flotte : le silence de la mer, retranscrit pour signal électrique... Un moins que ce ne soit un liquide amnotique constellé de machines à tintements réguliers. Une atmosphère connue dans l'Ambient, s'il s'agit d'y mettre des étiquettes.
Mais à quoi bon ?
What Lies in the Sea, le premier album de Lilly Joel, duo de deux musiciens belges que nous aimons particulièrement en ces pages dans leurs projets communs, ou dans pleins d'univers connexes : Lynn Cassiers, chanteuse et électronitienne et Jozef Dumoulin, véritable sorcier du Fender Rhodes. On avait vu ces deux musiciens à l'univers si puissamment évocatrice il y a presque 15 ans au sein d'Octurn, qui reste pour beaucoup une matrice indispensable des musiques improvisées de ce nouveau siècle.
La voix cristaline de Cassiers, celle qu'on entend dans le tintinabullis de "A Wheel in the Palm of Your Hand", on l'avait déjà entendu sur Lidlboj avec Dumoulin, qui est égalementt une belle pierre de Rosette. Mais sans la batterie, réduit à la voix et au clavier, l'échange prend un tour plus alcalin encore. Ecoutons pour s'en convaincre le caverneux "Ruben's Tree" où les effets électroniques sur le micro de la chanteuse donnent une impression de multiple et de lointain, accompagné par le Fender de Dumoulin dont les sons prennent des détours fantastiques.
On ne dira pas que c'est une surprise.
Non content d'avoir absolument révolutionné le langage de cet instrument, Dumoulin ne cesse de le faire évoluer. Le vieux Rhodes est devenu un animal sensible, capable d'une gamme de sons dont il avait montré l'étendu dans son solo, mais qui semble ici avoir entrepris d'entrer encore dans une nouvelle dimension.
Comme ce solo n'est hélas plus disponible, What Lies in The Sea permet également d'en prendre la mesure. Quel musicien que ce Dumoulin ! Quelle sensibilité !
Alors évidemment, comme toujours avec les univers mouvants, certaines formes sont moins confortables que d'autres, plus troublantes ("The Cage of the Yellow Bird") un peu trop marqué par les constructions répétitives. Mais c'est un sacré trip que cet album, dont on ressort plein de couleurs et de sensations.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

04-Hugo

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