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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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7 février 2016

Cloudmakers Trio & Jass - AJMIlive Vol 7, AJMIlive vol. 10

L'année passée, les agitateurs avignonnais de l'AJMI, la salle de spectacle -et même un peu plus- nous avait proposé cinq références en format « dématérialisé » -ce mot est décidément affreux- qui correspondait au témoignage de cinq concerts qui avait émaillé l'histoire de la salle, enregistré avec une qualité remarquable.
Le numérique permet l'illusion du concert à emporter ; du moins, son essentiel. L'occasion de se mettre dans l'oreille quelques formations dont nous avons particulièrement apprécié les disques, de s'immerger dans un univers et même parfois d'envisager comment se développe la dynamique générale de l'improvisation.
Même en découvrir de nouvelles. Si c'est pas du bonheur.
Après nous avoir proposé des concerts d'Hasse Poulsen, de Else Kitchen ou un très remarqué moment avec Fabrice Martinez, c'est une nouvelle charrette de cinq sorties qui nous sont proposé depuis quelques semaines. Un panel qui donne envie d'aller habiter non loin du pont ou à défaut d'avoir une connexion internet...
Si la première fournée avait présenté des artistes tout azimut dans l'esthétique défendue par AJMI, on trouvera dans les cinq nouvelles propositions une certaine continuité dans la diversité, à défaut d'une ressemblance : des Amants de Juliette , dont nous avions évoqué rapidement le dernier album à l'occasion du Ink de Benoit Delbecq et qui trouve sur la scène son meilleur biotope, jusqu'au Bernard Jean Quartet, il y a un goût commun pour les constructions rythmiques complexes. Tout n'est pas forcément au goût de votre serviteur, mais la qualité est là, et la découverte aussi.
En premier lieu, il faut signaler ce concert de JASS, ce quartet dont Alban Darche nous avait régalé pour Yolk il y a quelques mois. On retrouve avec plaisir les rythmiques acrobates d'Hollenbeck et de Sébastien Boisseau qui prennent plus de place que sur le disque, se laissent plus de temps, cherchent plus encore l'effusion. On avait noté la finesse des interventions du percussionniste sur « Saj's », une composition d'Alban Darche, et dans cette version étendue, les trouvailles d'Hollenbeck font merveille dans la discussion qui unit le saxophone avec le trombone de Samuel Blaser. Il y a beaucoup d'enthousiasme dans ce concert qui vaut à lui seul qu'on s'intéresse à cette série AJMIlive...
On sent le flot ardent des improvisations, la volonté de prendre son temps, notamment sur l'intense « Tricéphale » qui mettait un terme à l'album et offre ici à Hollenbeck l'occasion de faire parler sa technique incroyable et de laisser les soufflants faire des dentelles de toutes ses abstractions, notamment Blaser qui est slalome et s'insinue dans chaque trou de souris à coup de coulisse volontaire. Il y a plaisir à retrouver ce quartet dans ce moment jubilatoire, qui documente bien ce qu'on avait pu percevoir dans le disque
Indéniablement, la meilleure surprise, dans le sens où sa renommée n'est pas forcément passé de ce côté-ci de la Manche, réside dans le Cloudmakers Trio du vibraphoniste anglais Jim Hart, qui livre avec le batteur Dave Smith et le contrebassiste -et patron de Whirling Records- Michael Janisch une prestation d'une élégance rare. Distingué outre-Atlantique pour leur album Abstract Forces, le trio joue de son double attachement à la culture jazz américaine et à l'improvisation européenne pour une musique en constant mouvement, où le vibraphone joue sans cesse de ses capacités rythmiques. Par ailleurs batteur, Hart ne cesse de pousser Smith dans ses retranchements, en vrai électron libre, lorsqu'il ne joue pas à cache-cache avec le timbre onctueux et profond de Janisch. C'est ce qui fait le charme d'un morceau très élaboré comme « Angular Momentum ».
Mais le sommet reste la longue digression du trio sur le célèbre « Epistrophy » de Monk qui part en toutes directions, chacun de son côté assumant tour à tour les tâches rythmiques et mélodiques avec une gourmandise revendiquée. Le vibraphone mute en piano dans de longues tirades, relancé sans cesse par une batterie intarissable. C'est un beau concert, et la captation de l'AJMI est excellente.
Que demander de plus ?

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

130-Aldudes

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