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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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6 septembre 2017

LPT3 & invités - Vents Divers

La saine alliance de la baguette et de l'embouchure que représente le beau trio LPT3 a des envies d'expansion territoriale. C'est un plan qui s'échafaude et se prépare, mais a également besoin d'une haute dose de réactivité et d'imprévision pour pouvoir s'adapter à tous les terrains.
Comme toute bonne campagne militaire, elle se doit de commencer dans le Vents Divers. Pas seulement pour crier « Vive le Vent », mais pour garder de la tonicité et de la fraîcheur... Une qualité qui sied à merveille aux vieux amis de Yolk, canal historique, que constitue le tromboniste Jean-Louis Pommier, le tubiste François Thuillier et le batteur Christophe Lavergne.
Voilà plusieurs années que nous n'avions eu vent de ces soufflants ensemble. La souplesse de coulisse de Pommier et la grâche de Thuillier nous avait émerveillé dans le Brass Danse Orchestra ; mais dès « Diligence », composition de Pommier, on sait grâce au groove insolent de Lavergne que l'on est dans le cortège de LPT3. Orchestre à l'approche très contemporaine et raffinée, mais qui garde une certaine tendresse, voire un amour infini pour la déambulation. C'est en tout cas l'impression qui se dégage de « Dolac » et ses timbres gourmands, mutins et rigolards où des invités viennent dresser la carte des nouveaux territoires à annexer. Un frère d'embouchure d'abord, avec la trompette assourdie de Michel Marre qui s'amuse indubitablement au milieu de ses nouveaux camarades. Et puis les anches de clarinette de Louis Sclavis, contrepoint explosif au trombone et au tuba qui vient épicer un plat qui semble tout droit sorti d'une marmite infernale (« De Charybde en Scylla », sans doute le plaisir le plus immédiat de cet album).
En invitant ces deux symboles de leur instruments, le trio risquait-il de se diluer ? Il aurait fallu pour ça que les membres ne soient pas eux-mêmes des personnalités fortes de leur propres agrès. Lorsqu'on écoute « Fondeur d'hélice », où LPT3 se retrouve entre eux, on se rassure, si tant est qu'on s'inquiétait : c'est joyeux, poétique et bondissant, comme c'est souvent le cas lorsque Pommier et Thuillier sont ensemble. La connivence entre les deux, bien entretenu par un Lavergne intenable qui fait bien plus qu'accompagner un binôme éprouvé est pourvoyeuse d'image et conductrice d'une grande tendresse.
C'est ce qu'il ressort en premier de cet exercice très collectif où les échappées belles de solistes sont rares mais enflammées, comme ces soli successifs sur « La Bourrée du sauvage ». La danse, toujours...
L'image est le domaine de Sclavis, et si Michel Marre s'intègre avec beaucoup de bonheur dans l'orchestre, on sent que le clarinettiste est dans son élément. L'instrument fait des merveille dans « Le Lucullus », beau banquet de basse doucement caressé par une rythmique intraitable.
De la dentelle, de la tulle, de la mousseline... la musique de LPT3 évoque les tissus les plus fins et les drapés les plus luxueux et les plus souples.
Que Vents Divers soit un courant de fraîcheur, rien de plus normal.
Que l'on se sente léger, rien qu'à l'écoute relève en revanche davantage d'un processus magique pour lequel il n'y a guère d'explication réaliste, hormis que le souffle des cinq musiciens nous portent sans efforts.
Une joie simple et immense.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

 

51-Cross

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