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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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13 juin 2018

Erdmann / Marguet - Three Roads Home

La question est la suivante : Quand on a une dream-Team sous la main, pourquoi choisir ? C'est le postulat de Daniel Erdmann et Christophe Marguet à l'occasion de cet album : Three roads Home, trois façons d'arriver à ses fins, à ce Home mythique que constitue nos musiques, ce qu'on appelle Jazz, une musique aux frontières poreuses dont l'essence vient du blues, ce que ce quartet semble toujours à voir dans la caboche.
Quartet ? Three Roads Home !
Parce que si la base de l'orchestre est bien un dou, solide et rodé qui nous avait offert Together Together ! il y a quelques années, ils sont désormais accompagnés de deux contrebassistes qui offrent trois formules : Deux trios distincts aux approches très différentes et un quartet à deux contrebasses qui offre une foultitude d'atmosphères différentes et souvent très luxuriantes.
Il faut dire que pour accompagner Marguet et le saxophoniste de Das Kapital, ce sont deux des plus grands contrebassistes hexagonaux qui viennent prêter main forte. D'un côté, Claude Tchamitchian et son jeu physique et son goût pour l'archet. De l'autre, Henri Texier, son penchant pour la simplicité. Deux voies parallèles pour des rythmiciens qui sont par ailleurs de redoutables mélodistes ("Manif contre personne.")
Lorsqu'ils sont deux, chacun sur un canal comme dans le magnifique "One Back Two Forward", où le saxophone languide d'Erdmann tente de se frayer un passage dans la broussaille de pizzicati, ce sont les contrebasses qui mènent le jeu tout en laissant le duo d'origine choisir l'intensité de la joute. Lorsque Marguet notamment prend un solo, c'est une explosion de couleur où la douceur n'est pas exclue, voire est réclamée.
Il ne s'agira pas de faire une lecture comparée. De toute façon, Erdmann et Marguet adaptent eux-même leur approche, à l'instar de Valse pour eux où le ténor est plus profond et rocailleux, cherchant l'unisson avec Claude Tchamitchian et son archet vrombissant. De la même manière, la précision de Texier fait des miracles sur "Don't Buy Ivory Anymore", où les couleurs africaines de la batterie s'adjoignent d'un saxophone plus lyrique.
Pour Together Together, il était écrit en ces pages que le duo était un mélange de clarté et de complexité. C'est également ce que souligne Three Roads Home, à ceci près qu'il y a peut-être encore davantage de nuance et de poésie avec les forces en présence. Le disque, paru sur Das Kapital Records comme une évidence est de ces objets que l'on écoute avec le sourire : c'est fluide et pourtant intense, il y a un soin très particulier donné à l'enregistrement réalisé par Maïkôl Seminatore et les douze morceaux au format chanson relèvent d'une grande diversité tout en adhérant de manière assez fidèle aux obsessions de chacun des compositeurs. Ainsi "Don't Buy Ivory Anymore" est un morceau 100% Texier quand "L'ombre de l'eau" est un pur produit de l'imaginaire de Tchamitchian. Au milieu, coule une rivière et elle pourrait tout autant être La Loire, le Zaïre ou le Mississippi.
Trois routes, trois fleuves, trois visions d'un même monde. Une réussite !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir..

01-Errance-Loire

 

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