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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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22 novembre 2018

Hubert Dupont - Smart Grid

Hubert Dupont est de ces musiciens voyageurs qui savent que le rythme et le temps sont les clés ultimes pour s'ouvrir à tous les langages. De l'Afrique avec VoxXL ou Sawadu au plateau du Golan, voyage en plusieurs épisodes au moyen-orient, il est à l'aise partout. Membre du mythique Kartet avec Sardjoe, Orti et Delbecq, sa sonorité dure, ronde et sans écho superfétatoire est toujours prête à défier les rythmiques complexes ; raison pour laquelle on l'entend toujours en bonne compagnie niveau batteur.
C'est également le cas lorsque ce dernier n'est pas des plus connus : Pierre Mangeard crêve l'écran. Dans ce nouveau quartet avec lequel il enregistre Smart Grid, Pierre Mangeard est époustouflant et plein de ressources.
Evoluant d'habitude dans la musique africaine "urbaine", il est gourmant et inventif, mais sait aussi laisser beaucoup de place aux autres et revenir à certains fondamentaux du jazz, à l'instar d'"Helliptic" où il accompagne la contrebasse entrain de passer le thème au révélateur, prête à deviser avec le saxophone alto de Denis Guivarc'h, habituel compagnon de Magic Malik qui n'est jamais loin lorsque la musique a plus ou moins infusé dans le M-Base. C'est le cas de ce morceau, tout en tension amicale et en trouvaille collective qui place la contrebasse de Dupont dans une dynamique de courroie de transmission sur laquelle ses comparses font tourner des idées qui si elles sont circulaires, ne sont pas répétitives.
Avec Smart Grid, Dupont se recentre.
Il ne s'agit pas de se retourner, de chercher une forme de tradition, même si à juste titre, Joël Pailhé écrit dans Citizen Jazz : "Hubert Dupont revient musicalement dans l'Hexagone, ses qualités d'écoute et de propositions restant intactes.". Le retour de Dupont à une musique Jazz moins marquée par l'altérité ne veut pas dire qu'il manque de souffle : la puissance de Wonder, où Guivarc'h pousse sans cesse la base rythmique dans se retranchements en est l'exemple. Plus loin, sur le très poétique "recondition" qui s'ouvre sur une complainte à l'archet, c'est le piano d'Yvan Robillart qui ramène Dupont vers un pizzicati altéré dans une douceur vaporeuse. Qu'on ne s'y trompe pas. Le pianiste sait aussi se faire frappeur, à l'instar de la ligne jouée main gauche sur le puissant "Eoliane".
Aucun rôle n'est prédéfini, et c'est ce qui conditionne le mouvement dans ce disque joué en live. Les titres d'ailleurs en disent long sur ce fameux mouvement, ) l'image d'"Helliptic" ou "Pendular": quelque chose qui tient de la vitesse et du plaisir, brut et sans arrière pensée.
Il n'y a pas de concept, pas de message, il s'agit juste de quatre musiciens qui construisent ensemble une musique résolument moderne et lumineuse qui agglomère plus de 20 ans de la musique de Dupont et lui donne de nouveaux atours. Voici un disque qui célèbre l'un des meilleurs contrebassistes de l'hexagone. Indispensable.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

12-La-mer-avance

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