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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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19 avril 2019

Utopik - Différentes perspectives

Si l'unité artistique -au sens où l'on s'y retrouve et où les projets tendent vers une même esthétique- est difficilement cernable au sein du collectif Onze Heures Onze. Entre les aventures aux franges du silence de Julien Pontvianne et les proximités colemaniennes tendance Steve avec Olivier Laisney ou Guillaume Ruelland ici présent, il y a parfois un monde ; mais une chose unit ces musiciens : la force du collectif et la grande prolixité de ces membres.
Utopik ici présent, tenu de main de maître par la basse ronde et puissante de Ruelland, en est un parfait exemple. La révérence au M-Base est immédiate, et sans faux-semblants. A l'écoute de 'Xcessiv Patriot", ou brille à la fois la talentueuse flûtiste Fanny Ménégoz, découverte avec le Surnatural Orchestra, et le batteur Alexis Sébileau, on s'aperçoit que la grammaire colemanienne est bien apprise, comprise et harmonieusement utilisé.
La participation active de Magic Malik aux travaux de Onze Heures Onze y est pour beaucoup ; néanmoins, Ménégoz ne tente pas d'aller sur son terrain, partout sur l'album, elle joue sa part en toute liberté, avec beaucoup d'à propos.
Disque de bassiste (on apréciera le travail de Ruelland sur "Siesta Mécanique", à la fois tout en rupture et garant des cycles), Utopik laisse beaucoup de place aux soufflants, qui offrent beaucoup d'espace au quintet étendu à divers acteurs des musiques urbaines, comme l'excellente Corina Santana sur "Lampeduza" où le saxophone de Hamza Touré règle le pas d'une musique qui se veut ferme et directe.
Touré, comme Sébileau sont les belles découvertes de cet album. Le premier à les deux pieds dans le funk, ce qui ne l'empêche pas d'aimer déborder du cadre. Quant à Sébileau, il aime les musiques traditionnelle et les rencontres fortuites, ce qui correspond bien à son jeu qui cherche l'inattendu mais refuse un exotisme de façade. Avec le vibraphoniste Gaspard José, qui se met au service de tout ce beau monde, il forme une palette extrêmement large et très souple.
Ce qui plaît dans Utopik, c'est cette capacité à jouer cette musique très référentielle et codifiée avec une certaine fraîcheur et même de la forfanterie bien placée. Lorsqu'on écoute "ZAD", et son hymne à la liberté franche, on se surprend à sautiller avec les rythmes impaires même si le son de la basse pourrait paraître un peu daté. Ce qui plaît à Utopik, c'est de se lancer à corps perdu dans une musique à la fois maîtrisée et très libre.
On peut penser que l'approche du langage de Steve Coleman a évolué, qu'il a muté sous la férule de musiciens comme Stéphane Payen en France, qu'il y a parfois une certaine retenue qu'on aimerait plus spontanée... Reste que Différentes Perspectives est un disque réjouissant qui présente de nombreux talents et une belle unité.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

35-Albi

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