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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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28 octobre 2022

Ensemble Icosikaihenagone - Volume II - Fiction musicale & chorégraphique

L'icosikaihenagone est un polygone à 21 côtés.
Ca, c'est ce qu'on apprend quand on n'a pas fait de géométrie et qu'on a Google.
Benjamin Duboc est un musicien aussi discret que rare, et ça on le sait d'instinct, même quand celà fait fort longtemps qu'on ne l'a pas écouté. On ne l'entend pas d'ailleurs, sur ce Volume II - Fiction musicale & chorégraphique, mais c'est bien sa musique que jouent les 21 segments qui composent cette forme géométrique à la fois solide et délicieusement mouvante.
A la contrebasse, c'est Sébastien Belliah qui le remplace, et le musicien de Un Poco Loco et surtout du Umlaut Big Band est un acteur parmi d'autres dans un orchestre qui regroupe tout bonnement une famille entière de la musique improvisée hexagonale -encore un polygone, moins particulier celui-ci-.
Dans cette famille, on retrouve des figures incontournables qui contournent le tutti qui entame le morceau unique sans pour autant tirer la couverture à soi. Comment pourraient d'ailleurs jouer pour eux seuls des musiciens comme Jean-Luc Cappozzo ou Guylaine Cosseron ? Ce qu'on entend ici, c'est une implacable mécanique qui est aussi précise qu'elle est imprévisible ; l'orchestre décide collectivement quelle direction prendre, et ce sont les musiciens, individuellement qui tracent la route : ici le piano Emilie Aridon-Kociolek, aux basses profondent qu'attisent les percussions de Thierry Waziniak et Amélie Groult.
Le piano est un coeur qui palpite, qui puisent l'énergie centrale et la distribue à toutes ses extrémités. Un sang chaud qui nourrit toutes ses veines, de la clarinette de Sylvain Kassap au violoncelle de Gaël Mevel. Dans le tumulte, dans cette pulsion de vie, on n'est pas surpris de découvrir deux trombones qu'on aime particulièrement, Christiane Bopp et Alexis Persigan, qu'on avait découvert du côté de Marc Ducret.
Les cuivres rendent le son qui enfle comme un torrent encore plus tranchant. C'est une dynamique collective qui se nourrit de l'énergie de chacun sans vampiriser personne, dans une geste à la fois troublante et très poétique. Plus loin, c'est Kassap avec Jean-Luc Petit qui mène un bal plus léger, plus proche de la dentelle. La démarche reste la même, celle d'évoquer l'orchestre comme une force centripète, quelque chose qui enserre la puissance dans son centre et se plait à imploser au moment propice. C'est tout le travail de Benjamin Duboc dans cette pièce théâtralisée, celle de figurer l'orchestre tel qu'il est ressenti par les musiciens, et d'essayer de le faire vivre à l'auditeur.
Une expérience résolument immersive.
On doit à Bertrand Gastaut, du label Dark Tree, dont on connaît la fidélité de vivre cette musique enregistrée dans un théâtre en résidence à Montreuil. Un disque à la démarche très contemporaine qui offre à Benjamin Duboc une facette nouvelle et saisissante.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

49-H Camden Town copie

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