Maginot
Je ne sais pas si le facétieux Maginot, ministre fidèle et auteur de
la fameuse défense censée sécuriser la ligne bleue des Vosges de l’envahissement
du pays par une horde de teutons encasquapointé a eu une descendance, mais si
tel est le cas, il faudrait vérifier si ces derniers n’ont pas troqué le
pantalon garance pour le costume un peu plus falot de l’envoyeur de mail
pour le compte d’Hadopi.
On ne sait jamais.
Bien sur, tout le monde aura constaté que cet Hadopi qui fit gloser ici
comme ailleurs dans le landerneau de la toile n'est depuis longtemps plus qu’une
vaste blague ; c’est un peu les aventures d'un Wile E Coyote définitivement antipathique, à la
poursuite de Bip-Bip pour qui il chercherait toujours le raffinement du châtiment pour
finalement se le prendre en pleine poire...
Ainsi, on évitera de reparler des députés
dans les rideaux, des amendements fantasques, des retoques du Conseil Constitutionnel, de
l’émoi de la CNIL, des déclaration à l'emporte-pièce sur le mode de l'Internet qui mange les enfants -et a une hygiène buccale déporable-…
Jusque dans les atermoiements sur la date de
mise en œuvre de "la Carte Jeune" tout n’aura été que fiasco, impréparation
et entêtement dogmatique à servir avec zèle les intérêts lobbystiques d’une
poignée de marchands de soupe prêt à tout pour faire accroire au péquin moyen
que –juré, craché, si je mens je te file les droits sur Bébé Lilly- leur
métier c’est de faire la Culture et que les artistes, c'est comme les chevaux pour Omar Sharif, c'est définitivement leur Dada.
La preuve, quand même, merde. Christophe Willem et Sliimy, Melody Gardot et André Manoukian.
Alors qu’a été annoncé en juin une baisse importante des ventes
de musique, malgré une embellie au printemps, renaissent les ritournelles
assourdissantes des lieutenants hadopistes sur le mode de la fin du monde et de
la mort de la culture... On dirait presque une association de vilebrequins
qui manifesterait contre les trous.
Dernier en date, le secrétaire général d’Hadopi dans les Echos,
qui rabâche à qui veut l’entendre l’antienne consistant à mettre
sur le téléchargement gratuit la cause de cette chute. On aura beau répéter ad nauseam que la frange la plus passionnée des téléchargeurs sont souvent des acheteurs exigeants qui en veulent pour leur argent, ça ne changera rien. Le dogme est posé : "l'offre légale se développera quand le pillage cessera". Comme si l'un était dépendant de l'autre. Comme si ceux qui téléchargent ont les moyens de tout acheter... Et surtout comme si la qualité plus que médiocre, la platitude uniforme de l'offre et la morosité de l'originalité donnait envie de claquer son salaire dans du prémaché en quatre accords.
A mon tour de rabâcher, mais plutôt que de s'épancher dans la presse économique avec le trémolo churchillien du "we shall never surrender", peut être serait il intéressant de se poser la question de la diversité, de la création, de l'originalité, du coup de cœur dans l'industrie de la balle dans le pied et du double langage de l'épicier qui se prenait pour un artiste.
Mais cela demanderait à réfléchir à un nouveau modèle économique basé sur la confiance, l'adhésion à un projet artistique, la mutualisation des projets plutôt que sur des régies publicitaires.
Autant dire, un autre métier que l'envoi de mails comminatoire à des concitoyens avide de Culture non tarifée...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...