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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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7 avril 2010

Rocé - L'être humain et le réverbère

Dans la nasse dans laquelle se débat le Hip-Hop Français, entre rodomontades de violence fantasmée et rimes en berne, il y a heureusement quelques rappeurs qui avec un discours acéré, réaliste, complexe et terriblement lucide redonne à ce courant musical ses vrais lettres de noblesse. La Rumeur, Rocé, Casey... Il ne sont finalement pas tant que ça à ne pas être tombé dans l'attitude du rappeur propre en forme de blanc-seing moralisateur et sa médaille renversée, le rebelle de maternelle qui pense que le top de l'underground est de se faire passer pour une sorte de fantasme capitaliste de la maille et de la jouissance contrainte.
Rocé est depuis des années l'une des voix les plus crédible, les plus aiguisée du Hip-Hop francophone. Bien entendu, son précédent album, identité en crescendo avait été particulièrement apprécié ici à la fois pour des textes d'une rare profondeur comme le "besoin d'oxygène" qui reste pour moi l'un des textes les plus juste et les plus acerbe de ces dernières années... Mais aussi pour le choix de travailler avec un matériel issu du Free Jazz et la participation -entre autre- d'Archie Shepp.
Ce choix d'utiliser le free, ce n'était pas pour se donner une couleur et un semblant de crédibilité arty comme certaines baudruches lancée par des labels de jazz en bout de course, mais c'était par un goût et une volonté de s'inscrire dans cette musique.
Il était attendu "L'être Humain et le Réverbère", son dernier album, qui est sorti il y a quelques semaines. Certes, Rocé reprend une forme musicale plus classique pour le Hip-Hop, même si la plupart des arrangements sont de petits bijoux (avec notamment la participation de Syl Matadin à la basse) et que Jacques Coursil est cité dans les remerciements. Le style est certes plus dépouillé, mais les textes sont toujours aussi forts. Rocé reste droit dans ses bottes, mettant son pied qui avance en dehors de toutes étiquettes. On retrouve les thèmes habituels de l'Identité (c'était attendu vu les récents débats nauséabonds !), des faux-semblants sociaux, de la méfiance contre la "société du spectacle" (ah, cette formidable suite "Jeu d'enfants" et  "Si peu comprennent" ) et de la bien-pensance qui en découle...
Il est réjouissant l'album de Rocé. Il donne en tout cas la certitude que la musique à texte francophone est vraiment en forme si, comme avec François Hadji-Lazaro, on sait chercher en dehors des sentiers commerciaux et (re)battus.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

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