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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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6 avril 2010

Percolation

Je n'ai toujours pas regardé les infiltrés. Et j'avoue que le débat de sous-latrines qui gangrène le net depuis quelques jours concernant cette émission qui -de toutes façons- ne devrait pas être rangée dans le registre du journalisme me laisse coi... Non pas sur la méthode, bien sur, qui est ce qu'elle est. Il convient d'éviter de comparer "Les Infiltrés" avec le travail de Florence Aubenas sur le travail précaire sur le registre de l'obération du statut de journaliste.
Elle est différente pour une palanquée de raison. la forme d'abord, plus longue et plus profonde en livre. Le sujet ensuite, qui met le média dans une position d'acteur du monde du travail, et non pas d'auxiliaire de Police conditionné par une posture moralement inacceptable.
Si l'émission de France 2 pose problème, c'est bien pour le choix populiste et fangeux de ses sujets bien plus que pour la méthode.. Et c'est le mélange des deux qui est bien indigeste, si ce n'est plus. Sachant que c'est CAPA qui est à l'origine du concept, il me vient toujours un petit malaise... Et j'imagine toujours notre grand photographe confronté à de telles révélations sur l'utilisation de son nom dans de telles aventures hasardeuses...
De la maltraitance en maison de retraite à l'abus sexuel sur mineur, les sujets choisis par "Les Infiltrés", des sujets qu'ils qualifieront sans doute "de société" pour éviter de penser plus loin ou surtout de se colleter aux causes sentent en effet le souffre. Si on les doublent de méthode d'infiltration qui met en effet le "journaliste" déguisé dans une position moralement inconfortable en participant de fait au passage à l'acte ou à sa future revendication (le fait qu'il soit spectateur passif ou incitateur n'a pas de différence notable en l'espèce), on obtient un piège qui se referment sur les victimes autant que sur les potentiels bourreaux. Évidemment qu'il se doit de dénoncer dans des situation si extrêmes. Mais s'il n'était pas aller se mettre dans une telle galère, aurait-il été obligé de se compromettre dans de tels choix moraux ? N'y avait-il pas d'autres angles et surtout d'autres sujets ?Et surtout, puisqu'il y avait dénonciation, était-il obligé, sous peine d'être taxé d'exploiteur des tourments humains d'exploiter son reportage ?
En cherchant bien chez Balzac, ça doit porter un nom peu ragoutant. Pour jouer les justiciers, l'émission sert un populisme d'exception qui n'est pas à mettre au crédit du journalisme. Pire, il instaure l'idée qu'il y aurait deux poids, deux mesures. Une protection des sources pour les abus de biens sociaux et une médiatisation de la vindicte publique pour les tourments de l'âme humaine... on voudrait aider les croisés qui défendent la peine de mort qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Et une photo qui n'a -merci bien- strictement rien à voir...

04_Qua_da

Commentaires
F
Alors je vais être plus clair : en bon auxiliaire de Police (là où nous ne sommes pas d'accord, c'est qu'un journaliste qui cache son identité, ce que n'a jamais fait Aubenas ne peut pas être considéré comme tel), l'infiltré est là à la fois pour jeter le déviant à la vindicte populaire et à rassurer le bourgeois devant son écran. Le journalisme, celui que fait Paul Moreira en Birmanie par exemple, est là pour éveiller les gens. L'entertainment crapoteux des infiltrés, est là pour les endormir.
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L
Oui bonjour, le 22 à Asnières ? Oui, dites, c'est où les jeux du Cirque ?
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L
ça c'est un beau groumf que je partage avec une réserve toutefois. Je considère que le journaliste ne doit en aucun cas citer ses sources, c'est comme pour les curés avec la confession. Sinon, imagine tous ces actes de pédophilie qu'ils auraient du dénoncer... Ok, je sors !<br /> Nan, je sors pas tout de suite encore. Ce qui me rend songeuse, c'est cette hystérie sur toutes ces histoires pédophiles. Bien sûr c'est ignoble de faire du mal aux petits enfants mais j'ai le sentiment que c'est une manière de détourner la fureur populaire d'autres sujets moins marginaux et très dérangeants. Des exemples ? Ben la délinquance à grande échelle du capitalisme financier par exemple qui elle fait mourir plein de petits enfants et des adultes aussi...
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