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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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8 février 2014

Toons - 7 nains

Toons est une fusion.
Pas seulement une fusion musicale entre le jazz de chambre du Théo Ceccaldi Trio et du lyrisme électrique de Marcel et Solange sous les bons auspices du Tricollectif, mais aussi la fusion d'apparence hétérogène entre l'insouciance colorée des gnomes innocents de Disney et la noirceur inquiétante de leurs cousins issus de Grimm.
Sorte de synthèse de tout ce que proposer le Tricollectif en une seule suite d'une trentaine de minutes, Les sept nains sont l'occasion de croiser de nouveau l'Horizoncelle de Valentin Ceccaldi qui fait merveille au côté de la guitare rocailleuse de Guillaume Aknine. On s'arrêtera ainsi sur l'échange entre les deux faisceaux électriques dans ce portrait rageur et collectif de Grincheux sous la mitraille de la batterie de Florian Satche. Cet instant, fugace permet de voir avec quelle facilité les musiciens incrémente leurs univers pour en créer de nouveaux.
On y retrouve, non sans plaisir, cette capacité qu'on les deux groupes de ce fabuleux collectif à raconter des histoires. Toons, comme tous les groupes du Tricollectif, à l'instar par exemple de Durio Zibethinus dont nous avions parlé récemment, parvient à captiver l'auditeur sans fiche explicative. Le quintet construit un univers sans clin d'oeil entendu, juste en s'astreignant collectivement à composer des couleurs et à en visiter chaque nuance.
On entre ainsi dans la maison des sept nains comme par effraction. L'auditeur, c'est Blanche-Neige. La pomme n'est pas loin. Le miroir s'est renfermé, et tout pousse à fouiller les petits lits crasseux les uns après les autres sans trio savoir à qui appartient quoi.
Ainsi, on se doute que dans le dialogue entre les deux alto, celui à cordes de Théo Ceccaldi (qu'on retrouve avec joie au sein de l'ONJ d'Olivier Benoit) et celui à tampons de Gabriel Lemaire, au centre de la suite, il y a la légèreté poétique de Simplet ; de même, les constructions alambiquées de Satche au début du morceau s'inspire du bégaiement gêné de Timide. On ne sait pas toujours à qui l'on a affaire dans cette visite guidée sans boussole. Chacun des personnage se ressemble un peu, se confond, s'amalgame. Les couleurs s'organisent en camaïeu. Les nuances ne sont pas toujours lisibles du premier coup...
Mais après tout peu importe. Cette galerie de portrait n'a de sens que parce qu'elle est multiple de caractère mais d'un seul tenant interdépendant, comme cette litanie de nains qui va creuser la montagne à la recherche d'on ne sait quelle pierraille.
On ne sait qu'une chose d'elle : elle fournit en électricité les deux sentinelles de Toons, notamment lorsqu'elle chatouillent à force d'ostinato l'infortuné Atchoum...
Les musiciens de Toons parviennent avec ces Sept nains un véritable tour de magie arithmétique. On passera sur la réduction de deux trios en un seul quintet qui place Valentin Ceccaldi en position de pivot pour s'intéresser à un paradoxe. Comment cinq musiciens peuvent ils faire pour rentrer en même temps dans le costume de sept personnages en quête de partitions ? 
Vous n'aurez pas quatre heures, une seule écoute est nécessaire pour le comprendre. La réponse tient dans la force du collectif.
Avouons que ça tombe bien ; c'est la principale qualité de ces remarquables musiciens, qui se révèlent également, et ce d'albums en albums, de formidables conteurs.
Vivement la prochaine histoire !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

12-Linteau

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