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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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30 août 2017

Marco von Orelli / Max E. Keller / Sheldon Sutter - Blow, Strike and Touch

HatHut est un chat. Un label habile, qui retombe sur ses pattes et se moque de la gravité, mais qui surtout semble avoir neuf vies, et peut être quelques supplémentaires, avec des cœurs flambants neufs mais une enveloppe corporelle qui semble pour le moment être la même.
Longtemps, on l'a donné pour mort, et puis autour des quarante ans d'existence, ce fut comme un ultime sursaut.
Un dernier souffle ? A croire que non, puisqu'après une nouvelle pose, le label revit, relancé par Outhere qui semble vouloir faire plus qu'exploiter l'imposant back catalogue de la légende suisse à tranche orange. La preuve ? Les nouvelles sorties se multiplient, de Christoph Erb, dont nous parlerons très prochainement sur Citizen Jazz à ce présent disque du trompettiste Marco von Orelli auquel le label est depuis longtemps fidèle. Et tant pis s'il a été enregistré en 2014 et qu'entre-deux von Orelli ait enregistré un disque sur le même label avec son Marco von Orelli 5.
Blow, Strike and Touch, qui traduit à merveille le propos du présent trio fait parti de ses disques de l'instant qui peuvent donc se permettre le luxe de l'intemporel, à base de souffle, de frappe et d'effleurement.
Le trio suisse est un attelage nouveau, mais presque naturel : Marco von Orelli use depuis longtemps ses embouchures sur les chemins tortueux de la composition collective instantanée. Il est régulièrement accompagné du batteur Sheldon Suter, qu'on retrouvait déjà dans l'excellent Big Bold Back Bone à l'énergie parsemée d'électricité. « Jagdhund » (chien de chasse en allemand) le traduit à merveille, avec cette course folle et désordonnée de la batterie qui poursuit tout de même un but obsessionnel et patauge dans tous les marais, même les plus saumâtres, à la recherche des souffles étouffés de la trompette, versatile en diable.
Il a beau chercher, et souvent trouver, même pour quelques secondes, on comprend vite que tout ceci est pour le jeu, car les deux improvisateurs ce connaissent très bien, et depuis l'enfance, environnement propice à toutes les libertés.
L'autre complice est un pianiste, qui est un des multiples oubliés de ce panorama. Pourtant, il est, dit-on, un des premiers suisses à s'être réclamé du Free Jazz.
On a pu l'entendre avec Urs Leimgruber ou encore Hans Hassler. Son approche très marqué par le classique contemporain du XXe siècle fait merveille dans les Miniatures proposées par le trio.
Il ne s'agit pas seulement de « Miniatur #1 », où du silence transparaît quelques accords lointain avant que la trompette n'emplisse l'espace de tout son relief, mais surtout de « Miniatur #3 » qui précède « Jagdhund » où en à peine une minute, quelques frôlements des entrailles du piano livrent des informations sur les feulements à venir, qu'on retrouvera aussi sur l'intense « Nacht Schichten » où Keller vient se mêler aux remous qui n'ont absolument rien d'un tendre clapotis.
C'était déjà le cas pour Big Bold Back Bone, et sans doute plus encore ici, alors que les instruments sans électricités ne semblent constitués que de fluides organiques, mais la musique de von Orelli fait souvent songer à Kaze. Une musique où percole les particules élémentaires dispersées au gré des vents hostiles et des canicules soudaines que cette musique brute harmonise par la simple chimie.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

37-Mirabel

 

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