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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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12 janvier 2013

(Just Not) Like A Virgin

Il faut bien sur soutenir avec la plus grande fermeté les salariés de Virgin Megastore qui luttent actuellement pour leurs emplois.
Parce que cette lutte va plus loin que la simple défense des emplois ; elle s'inscrit également dans une entreprise de désertification culturelle. La fermeture de ce qui était devenu un supermarché sans âme n'en étant qu'un des derniers avatars.
Depuis des années, la haute finance qui dirige ces groupes dits "culturels", que ce soit Virgin ou bien la Fnac qui s'est reconverti dans le moule en téflon et le shaker en verre, a tout fait pour prendre le moins de risques possibles et ne proposer que "ce qui marche" en chatrant absolument toute forme de prescrition chez des salariés. Ces derniers, parfois à leur corps défendant, sont devenus des vendeurs lambda, qui pourraient tout aussi bien être spécialistes "noir" ou "blanc" chez Darty selon que vous achetez une machine à laver ou un écran plasma. Pourtant, il y en eut des spécialistes, des passionnés, souvent malheureux ou maltraités de ne pouvoir simplement faire leur métier.
Je ne vais pas reprendre les vieilles antiennes que vous trouverez sur ce blog en pérégrinant, mais ces spécialistes de la balle dans le pied sont le plus parfait exemple du caractère autophage de leurs modèle économique : en excluant les musiques de marge de leur bacs en pensant que ce n'était pas économiquement viable, ils se sont aliénés ceux qui leur était fidèle : prescripteurs amateurs, passionnés vertueux et curieux absolus...
On a beau jeu d'accuser Amazon, comme le fait notre chère ministre qui ferait mieux de s'occuper du dossier des intermittents (j'ai été trop silencieux ces derniers mois sur la remplaçante de papier-bible, mais il y aurait à dire !) que de conter des sornettes. Amazon ne fonctionne pas seulement parce que c'est une usine sans loyer, low-cost, etc.
Amazon fonctionne parce qu'on y trouve tout, même les obscurs labels lettons et les tirages confidentiels. Mais sans la prescription, et c'est bien le problème. Il n'y a pas de spécialistes pour guider le curieux, et il faut chercher soi-même, ce qui n'est pas aisé.
Aujourd'hui, ces spécialistes ne se trouvent plus dans les commerces, c'est un fait. Ils se retrouvent dans les bibliothèques, sur les blogs, dans la presse spécialisée, mais trop rarement derrière un tiroir-caisse, ou alors pas celui de ces supermarchés.
Le SNEP peut toujours nous faire le communiqué le plus risible de toute la décénnie, Frédéric Lefebvre confondu, la fermeture de Virgin Megastore n'est pas le Florange du disque. C'est le Florange des salariés de Virgin.
Le Florange du disque, il a eu lieu lorsque ces enseignes ont décidé qu'il n'y aurait que le mainstream le plus crasse qui aurait droit de citer dans ses rayons.
Le Florange du disque, il est dans la fermeture en catimini des Harmonia Mundi de province, dont le dernier en date est celui de Rouen et qui coupe absolument une partie de la population d'une ouverture aux Musiques écrites et improvisées. Cette boîte aura commencé à vendre les 33t au cul de la 4L et aura à peu près survécu à toutes les mutations... Je suis curieux de savoir ce que va devenir cette maison prestigieuse sans leurs prescripteurs de terrain.
Le Florange du disque, ce n'est pas à cause du "piratage et [du] téléchargement illégal [qui] entraînent une dévalorisation des biens culturels." Cette dévalorisation elle existe parce que ceux qui pilote ce vaisseau fantôme ont confondu industrie avec culture et pètent de trouille dès qu'il faut prendre un risque.
Je reviens d'une expérience d'échange musical qui a eu lieu à la biblothèque de Rouen, ou nous avons pu parler très librement musique dans un contexte très agréable et la prescription, comme la qualité de ce qui était proposé sortait absolument de la fange que l'on nous présente comme la musique "que tout le monde achète" (traduire : ce que personne n'achète en réalité, puisqu'ils le téléchargent, et c'est bien normal, vu que tout se ressemble, n'a aucune âme ni saveur...). C'est rassurant. Le goût de la musique, le besoin de musique est toujours aussi vivace.
Les vecteurs ont changé et ces "capitaines d'industrie" censémment de "bons gestionnaires" n'ont rien vu venir. On ne pleurerait pas la mort des dinosaures s'ils n'entrainaient pas avec eux des salariés et leurs familles, et qu'il coupaient les franges les moins disponibles (financièrement, socialement, géographiquement, contextuellement, temporellement) pour la culture d'une ouverture à l'altérité.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

05-Lavergne

Commentaires
J
Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Les problèmes sont décortiqués avec réalisme. Les solutions en émergent. La fin d'un cycle, certes douloureux, mais qui en verra un nouveau apparaitre. Inexorablement.<br /> <br /> <br /> <br /> Un bibliothécaire musical revigoré.
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F
@Sébastien : Tu peux le reprendre, si tu veux :)
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S
Je voudrais pas dire, mais Amazon vend aussi des moules à tarte... (Ce qui ne change rien). Il aurait été bien sur Grand-Rouen, ce billet... ;-)
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S
Merci M'sieur et la mediation a été réciproque j'ai presque envie de réécouter le Zappa dont tu nous as parlé ! Le constat que je fais comme souvent : ceux qui empruntent de la musique en bib vont souvent l'acheter après et ça me fait ch.... pour Harmonia Mundi, Virgin et la Fnac qui suivra certainement bientôt...
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