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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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2 juin 2017

Andy Emler - Running Backwards

Il y a un logo rare sur le nouveau disque d'Andy Emler, enregistré presque naturellement à la Buissonne. Un label Iso Machin-Chose, sans doute pondu dans un cabinet de brainstormers qui ne font rien qu'à brainstormer. Un vrai métier, pas comme prof, travailleur social, éboueur ou musicien.
Mais on s'égare.
Sur cette estampille, donc, ces mots : « High Quality Products Made in France », avec « Evidence » en écriture scripte luxueuse. On rigole, mais l'air de rien, un pauvre tampon fait presque la chronique la plus courte et la plus juste de l'histoire de la musique improvisée. Oui, Un disque d'Andy Emler, avec son habituel trio ETE (Claude Tchamitchian et Eric Echampard) augmenté de la guitare de Marc Ducret, c'est l'évidence de la haute qualité hexagonale. D'autant plus si le tout est enregistré comme à la maison, puisque c'est un peu la leur, par l'incontournable Gérard de Haro.
Le quartet de Running Backwards est inédit. Pourtant dès « Sphinx 2 » qui ouvre l'album sur une ligne rompue, une arête bien aiguisée de Marc Ducret, on a une impression familière.
Pas forcément celle du déjà entendu, puisqu'il faut compter sur le talent de compositeur d'Andy Emler pour toujours se renouveler dans un sillon pourtant très raviné, mais plutôt celui d'un mécanisme, d'une interaction naturelle entre des musiciens qui se connaissent pour la plupart depuis 30 ans. Et qui dans un morceau comme « Sad And Beautiful » réécrivent des dialogues déjà connu dans un disque précédent du Trio ETE, mais dans une version plus abrasive mais toujours chargé d'émotion, notamment lorsqu'en son milieu guitare et batterie se joignent dans une jolie conversation.
La dense discographie d'Emler, qui se situe en embuscade dans ce disque, discret sans être en retrait. Il dirige et ponctue, à l'image d'une rythmique d'enfer menée dans le long « Running Backwards », où son habituelle base rythmique est au corps à corps avec la sècheresse habituelle de Ducret. On est dans le schéma qu'on connaît par ailleurs dans le MegaOctet, mais un MegaOctet oldschool réduit de quasi-moitié, sans soufflants et donc nécessairement râblé et belliqueux, comme le musculeux « Lêve toi et... Marc » le laisse deviner. Comme à son habitude, la batterie d'Echampard est puissante sans être lourde et les accélérations s'enchaînent après des alchimies complexes où les timbres semblent permuter entre eux. Ainsi, dans la dernière partie du morceau, la guitare de Ducret et l'archet de Tchamitchian se confondent jusqu'à eux aussi permuter.
Running Backwards peut être traduit par « courir en arrière », « à rebours» ou « battre en retraite », ce n'est pas anodin, puisqu'on découvre dans les premières secondes de « marche dans l'autre sens » un enregistrement des quatre musiciens qui parlent ou chantent à l'envers, délivrant un message secret. Est-ce ceci qui donne à ce morceau une allure déstructurée où le silence n'est jamais loin ? C'est un jeu de plus pour un pianiste qui aime à brouiller les pistes et à jouer avec les contraintes, sans pour autant laisser apparaître d'autres coutures que le plaisir de jouer ensemble.

Voilà, la chronique que vous venez de lire fait 512 mo(ts). Ce qui, vous en conviendrez, pour une moitié de MegaOctet est la moindre des choses. Il n'y a pas de raisons que ce soit toujours les mêmes qui s'astreignent à des contraintes.
Sous vos applaudissements.

Et une photo qui n'a strictement ien à voir...

31-Bandes

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