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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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18 octobre 2022

Clément Janinet - Ornette Under Repetitive Skies III

On aime beaucoup ici Clément Janinet, à raison, puisque de sa Litanie des Cimes jusqu'à ses envies de Danse, le violoniste a toujours montré la voie d'une musique à la fois très raffinée et brute, qui sait regarder dans les traditions du Blues et des musiques africaines ou sud-américaines sans chercher d'exotisme.
C'est sans doute avec son projet Ornette Under Repetitive Skies, plus communément appelé OURS que Janinet impressionne le plus ; un premier album chez Gigantonium avait déjà scellé une patte reconnaissable, avec un archet profond et des compagnons fidèles et tout à fait impliqués dans le projet, comme Hugues Mayot au ténor ou Joachim Florent à la contrebasse. Le projet, il est simple, développer une musique qui se nourrit tout à la fois de la musique d'Ornette Coleman ou du moins de ses recherches sur l'harmolodie et de la précision de la musique minimaliste américaine.
Ornette et Riley sont dans un bateau ; à la fin, c'est l'Ours qui gagne.
Quelques mois après l'ambitieux La litanie des Cimes, c'est sur le label BMC qu'on retrouve le quartet d'OURS pour un Ornette Under The Repetitive Skies III, sans doute le plus abouti des disques de Janinet jusqu'à lors.
Disons le immédiatement, il y a une telle beauté évidente et directe qui vous assaille dans "3rd Meditation", le premier morceau de l'album qu'on sait qu'on tient là un des disques de l'année. Le violon est omniprésent, dans une mécanique des songes qui entraîne à merveille ses compagnons, et notamment Hugues Mayot dont on ne dit jamais assez tout le talent. C'est chalereux, profond, ça lorgne indubitablement du côté du Spiritual Jazz des années 70 (Alice Coltrane ou Pharoah Sanders) sans y perdre en emphase.
On est emporté, littéralement.
Et puis avec Emmanuel Scarpa, qui clôt le quartet, OURS a des airs de Radiation 10 en formule réduite, dans sa puissance et sa capacité à questionner la musique contemporaine sans perdre en énergie. C'est patent également dans "Haze", l'autre plat de résitance de l'album où Janinet et Scarpa discutent en douceur sur une boucle pensée par le contrebassiste et ce saxophone scorieux qui joue si bien aux jeux de masques avec le violon. Très vite, quelques notes retenues au "Lonely Woman" d'Ornette viennent se glisser, comme une idée lointaine, un germe qui va amener au coup d'éclat.
L'éclat, c'est Mayot, puissant, cogneur, qui oblige tout le monde à se réorganiser dans un tropisme où les rythmes africains ne sont jamais loin. C'est sans doute la grande évolution d'un orchestre si soudé, ce qui se confirme avec "Ouagadougou" et sa sérénité retrouvée. C'est aussi ce qui se joue sur l'excellent "Odibi", un titre du trop rare Ze Jam Afane qui vient d'ailleurs prêter sa voix, fut-elle lointaine. Une évolution qui est aussi signée par le passage de Janinet à la mandoline, colorant l'OURS bien différemment, et donnant un rôle plus incarné à la contrebasse ("Quiet Night").
Avec Ornette Under The Repetitive Skies III, nous tenons indubitablement l'un des disques de l'année.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

34-London Eye

 

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