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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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16 mai 2015

MilesDavisQuintet! - Shapin' with MilesDavisQuintet!

C'est le troisième billet de suite que nous consacrons donc aux sorties conjointes du label BeCoq, indépendantes ou dans un coffret afin de présenter une forme de panorama des musiques de traverses défendues par la petite maison nordiste. Après le Free percutant de Cactus Truck et l'ordonnancement minimaliste et monochrome des clarinettes de WATT, c'est encore un autre univers qu'inverstit le présent album cosigné du Tricollectif d'Orléans.
Un environnement sonore patiemment construit par des boucles répétitives qui jouent à la fois sur le rythme et la couleur des intéractions sonores entre des modules musicaux réduits, qui construise une forme de mécanique de précision redoutable.
Une musique fortement influencé par la musique électronique, mais qui aurait fait le choix du fait main ; un piano préparé, un violoncelle qui sait tirer partie de chaque atome de sa matière et une batterie chantante, capable de tous les sons, jusqu'aux sonneries étranges d'un zither hongrois.
Ce n'est pas la première fois que le Tricollectif participe au label BeCoq. L'exemple le plus récent est le bel album de Walabix avec Bart Maris, mais aussi Durio Zibethinus. Cette fidélité permet aux musiciens du collectif de défendre des projets plus complexes et confidentiels, et le faire en totale liberté.
A chaque fois, on retrouve le violoncelle de Valentin Ceccaldi, qui est aussi de cette aventure en trio dans un rôle central et en même temps étrange, à la fois foncièrement discret et véritable liant entre les percussions percolatrices de ces deux comparses, le pianiste Xavier Camarasa et le batteur Sylvain Darrifourcq, que l'on avait pu voir dans Q et plus proche de nous aux côté d'Akosh S. dans un registre beaucoup plus acerbe.
Quoique. Q empruntait de nombreuses choses à la musique électronique minimaliste à grand renfort d'électricité, et dans un autre registre MilesDavisQuintet! va quérir le mouvement dans cette superposition patiente et concentrée de sons mis en forme.
C'est tout le propos de "Tap", le premier long morceau de ce court album Shapin' With MilesDavisQuintet! qui commence par un battement régulier, à peine troublé par le frottement des peaux et des cordes. Au loin, c'est un piano aux marteaux etouffés qui monte doucement. L'impression d'une forêt vierge qui se densifie à mesure que l'on y pénètre. 
A intervalles réguliers, un nouveau son s'ajoute, un autre se désagrège. Le rythme s'accélère, imperceptible d'abord, puis donnant de plus en plus de tension. Il y a dans cette montée en puissance quelque chose de saisissant, qui traduit une forme de nervosité souterraine sous des dehors placides. Ils voleront en éclat au premier coup de semonce de la batterie pour mieux se reconstruire derrière. Même dans les grincements du violoncelle et les ostinati aigrelets de Camarasa.
Parfois, c'est le silence qui s'empare de la régularité d'Horloge. Mais la batterie veille, prête à réveiller les boucles. Assez proche également, dans une version réduite, minimaliste là aussi, de ce que peut proposer Radiation 10. Car si dans ce trio, Darrifourcq est moins acerbe, reconnaissons-lui une forme de causticité.
Le nom, MilesDavisQuintet! est un magnifique effort de provocation. Dans un autre contexte, on pourrait même dire un appeau à trolls. Tuons tout de suite le suspense : comme il s'agit d'un trio et non d'un quintet, à moins qu'il y ait deux morts, ce ne sont pas les mêmes. Comme dans le vrai quintet, celui de Relaxin' -pas de Shapin', donc-, on dénombre cinq morts au dernier rencensement. C'est une certitude.
Ca n'a rien à voir. D'ailleurs, Cépadujase.
Enfin si. Enfin on s'en fout. Il est nécessaire de faire foin des étiquettes et de reconnaître cette musique pour ce qu'elle est : libre, joyeuse et complexe. La nommer par la provocation, c'est en quelques sorte éluder les débats à grand coup de pompes dans le (blue) train. Ca fait le plus grand bien.
Il y a dans cet album un sens de la dérision qu'il ne faut pas perdre, car il est le moteur de la rencontre entre ces trois musiciens. C'est ce qui est précieux dans cet album.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

117-Errance-Shinjuku

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