Eurydice Bis
Comme cadeau de Noël, entre les deux fêtes -c'est bientôt fini- quoi de plus réjouissant que d'évoquer la belle Elise Caron et son disque, Eurydice Bis, sorti en 2006 au Chant du Monde, mais que la vocaliste étrennait dans toutes les salles de France depuis quelques années. Toujours réjouissante, théâtrale, habitée et dotée -ce n'est pas négligeable- d'une plume acérée, Elise Caron a su retranscrire son univers en disque, ce qui n'est pas si facile, un univers fait de poésie, de tendresse et de dureté, et surtout d'éther et de mystère. Elise Caron a une belle voix, c'est un fait établi ; Elise Caron a de l'humour, c'est une chose évidente ; Elise Caron a une classe folle, nul ne le conteste... Mais ce disque va au delà, aborde l'amour, tangente la révolte et met une sacrée rouste en direct du gauche à la Chanson française. Rive Gauche bien sur mais pas seulement : entre âcreté et douceur c'est un univers qui sort des entraille de ce disque, un groove tout personnel et un jazz pour les yeux, un déluge de piano et une clarinette goguenarde... Le tout pour un disque qui s'échange sous le manteau comme un trésor secret, une sorte de une sorte d'exemple indubitable de ce qu'aurait du rester la chanson si elle n'avait pas cédé la place aux marchands de lessive et aux trentenaires affadits qui raconte leur épanchement de synovie et leur premier émoi dans un kinder surprise.
A côté de ce marais bêlant, Eurydice Bis en est presque indécent de beauté : les textes et les musiques de "Marie-Mad", des "Vissicitudes" ou de "La Chambre" sont là pour en témoigner...