Olé Coltrane
C’est l’annonce, bien triste, de la mort du grand trompettiste Freddie Hubbard qui me conduit à écrire ces quelques lignes sur un album grand album d’un artiste évidemment adulé en ces pages, John Coltrane, Olé ! sorti en 1961, et dont la simple écoute convainc le plus rétif des auditeur de l’avance phénoménale que le saxophoniste avait sur la musique de son temps.
Mais revenons en quelques mots sur Hubbard, qui n’avait rien à voir avec le vilain copain de Tom Cruise, mais qui fut dans tous les bons coups de l’époque, et principalement dans cette sainte-trinité : « Olé » de Coltrane, « Out to Lunch » de Dolphy et « Free Jazz » de Ornette Coleman… On a fait pire, ce qu’il n’a d’ailleurs pas manqué de faire après, manquant de discernement dans ses choix musicaux post 80’s…
Mais revenons à Olé !
Dans la discographie de Coltrane, ce
disque est une charnière, entre ses années à Atlantic qui se terminent
et ses années chez Impulse qui viennent de débuter. C’est d’ailleurs
entre deux sessions d’Africa/Brass que Olé ! fut enregistré, adjuvant à
son quartet de l’époque (le même que le quartet mythique, sauf que
Garrisson a remplacé Workman) Hubbard à la trompette et Dolphy aux
flûtes et à l’alto. Olé représente aussi les premiers souffles de
liberté d’un musicien qui avait besoin de temps, de longueur pour
exprimer son propos artistique, et qui se l’accorde dans ce long
morceau éponyme. Si les autres morceaux –et notamment le beau Aisha de
Mc Coy Tyner- sont de très haute tenue, c’est Olé ! qui interpelle. Par
son propos d’abord, cette lente montée rythmique, cet ostinato
lancinant qui cherche une spiritualité vacillante et vertigineuse, qui
emmène les soufflants dans des soli tournoyants de derviches lumineux.
Si Olé est hispanisant, ce n’est pas l’Espagne de Castille, c’est celle
des rives andalouses, celles des volutes maures et d’un soleil dardant
d’un irrespirable éclat.
Ce morceau, il préfigure aussi les élans spirituels que Coltrane aura tout loisir de développer chez Impulse...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...