Olivier Temime est un saxophoniste qui aime particulièrement la scène et un jazz seventies, parenthèse enchantée d'une musique qui fusionnait tout sur son passage pour le meilleur et pour le pire, en résumé pour Herbie Hancock et Alphonse Mouzon, dans un brouet brûlant qui fait le bonheur de tous les sampleurs d'un Hip-Hop old school..
Sideman recherché, il mène depuis le début de ce siècle avec son groupe les "Volunteered Slaves" (un hommage direct à un morceau de Roland Kirk) un travail sur cette musique seventies qui mousse avec autant d'efficacité, sans posture, et avec toujours autant d'authenticité, et une communion du plaisir de jouer cette musique qui l'éloigne totalement des clichés. Pour le dernier album, Breakfast in Babylon, Temime est même allé pour se fondre dans le groupe pour être un peu plus au coeur du propos tout en s'effaçant au profit du collectif, marchant dans les pas du ténor Joe Henderson, tel qu'on peut l'entendre dans les disques de Hancock, période "Fat Albert Rotunda".
La musique délivrée par le groupe est donc avant tout marqué par le jazz, mais s'aventure également du côté du Funk où d'une musique africaine voyageuse et fantasmée comme la jouait des groupes comme Lafayette Afro-rock Band...  Il y a bien sur un peu de naïveté à vouloir perpétuer cette musique si datée ; mais c'est oublier qu'elle jouisse encore d'un véritable public, et qu'elles peuvent être très vivaces si elles sont incarnés par d'excellent musiciens... Ce qui n'est pas contestable dans la force de frappe des esclaves volontaires, taillés pour la scène !
Les douze pièces jouées et très souvent composées par les membres du groupe, le bouillant Jérôme Barde en tête constitue prétexte et simple plaisir d’une efficacité pulsatile, servie notamment par la lourdeur d’une ligne rythmique de premier ordre avec notamment le remarquable Akim Bournane à la basse et Julien Charlet à la batterie, bien servi par ailleurs par Arnold Moueza aux percussions. Un Moueza qui occupe par ailleurs un rôle de chef de chœur lorsque « les hommes » échauffent leur voix riantes sur des morceaux aux sons d’Afrique punkifiée.
Entre Funk et Jazz, Breakfast in Babylon respecte à la lettre la maxime d’Hancock : « mieux vaut faire du funk avec des musiciens de jazz que l’inverse ». Ce n’est pas un hasard, dès lors, si les meilleurs morceaux de l’album sont des reprises de grandes figures de la black music américaine comme Prince ou encore le morceau de bravoure de l’album, le petit bijou des Jackson five « I want you back », où le sax mutin de Temime semble se caler sur le souffle imaginaire du sixième du nom… De quoi nous accompagner tout l’été !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir !