Franck Médioni - Ascension, Tombeau de John Coltrane
Rendre hommage à John Coltrane sans en jouer une note mais en s'inspirant de cette "vibration première", de cette quête sans repos d'une musique de "l'infini intérieur" que Coltrane lançait aux étoiles est une gageure qu'il convenait de ne pas louper. Pari réussi.
Entouré d'un quartet sans saxophone, encadré par l'incandescence de la contrebasse de Tchamitchian et la fougue de Sylvain Kassap aux clarinettes, c'est dans cette aventure que Franck Médioni s'est lancé en écrivant un long poème en hommage à Coltrane, dit par le comédien Denis Lavant... Cette idée de poème est venu au journaliste de France Musique après le succès du chouette bouquin "John Coltrane, 80 musiciens témoignent". Un poème biographique qui cherche, comme Coltrane le fit toute sa carrière, l'intensité du son et de la matière.
Impressionnant Lavant, d'ailleurs, qui vit le beau texte de Médioni sur une lame de rasoir dressée entre le feu et le vide, musicien à part entière, dont le ton et la scansion rajoute à la furie free qui dirige le combo. L'axe majeur de l'album est celui qui se créé naturellement entre Kassap et un Tchamitchian absolument remarquable dans la variation de son jeu, mais chacun des protagonistes laisse s'épancher une force musicale dans cette roche musicale en fusion. Une fusion déclenchée par l'âme musicale de Coltrane, Prométhée parmi les prométhéens...
.Le disque s'ouvre sur un thème cabossé du génial Albert Ayler justement intitulé "For John Coltrane" que le trop rare Sylvain Kassap, amène à ébulition grâce à ces traits de clarinettes vibratiles, tout aussi telluriques que la section rythmique. Une section rythmique où l'excellent batteur Ramon Lopez qui accompagne Joachim Kuhn dans Kalimba rajoute à cette sorte de communion incantatoire à l'oeuvre et à l'âme de Coltrane qui reste comme un une référence dont l'absence ne sut jamais être comblé et dont la persistance musicale ne c'est jamais tari.
"Ascension, Tombeau de John Coltrane" est une oeuvre dense, sorti chez Rogue-Art, qui bouge l'auditeur dans une alchimie sonore qui laisse espérer, dans la crudité de sa force que l'ombre de Coltrane plane encore très longtemps sur les forces cosmiques de la musique...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...