Panzerballet - Hart Genossen von Abba bis Zappa
Panzerballet est un groupe étonnant et détonnant qui fit pas mal de bruit, dans tous les sens du terme lors de la sortie de Starke Stucke, leur précédent album chez Act, qui ne nous avait pas c'est vrai, habitué à tel déferlement de watts...
Panzerballet est un jeune groupe allemand, et c'est d'ailleurs dans la collection "young german jazz" que le premier album est sorti. Un album apprécié pour sa fraicheur, son propos et sa maîtrise hors du commun à la fois de l'instrument pour la plupart de ses membres, de l'arrangement pour le leader, Jan Zehrfeld, violoncelliste classique de formation et guitariste factieux et d'un humour plombé par les décibels. Autant amateur d'heavy metal et de jazz, les musiciens de Panzerballet ont dans le viseur Zappa et toutes les figures d'un jazz rock régénéré, à la ligne claire. La composition de Panzerballet est furieusement rock, deux guitares, basse, batterie auquel s'ajoute des "stunt saxophonist", des saxs cascadeurs.
Panzeballet fait dans le premier degré, un peu gras et lourd, ce qui n'empèche pas la finesse, ni l'évitement du chausse-trappe Steely Dan...
Ils sont beaucoup désormais des jeunes jazzmen à faire entrer des saveurs hardcore dans leur musique. Musique en mouvement, temps en mouvement. Ils ont raison. Evidemment, parfois, c'est un poil too much, mais des morceaux comme " The Mediterranean Breeze", qu'on dirait tout droit sorti d'un Gilad Atzmon qui se serait mis à Rammstein a un charme absolu.
Plus proche du ravage que du chaos, les reprises du premier album concernaient une version hardcore de la panthère rose de Mancini et des digressions jazz sur un succès de Scorpion. Sourire connivent de mise. A ce moment de la chronique, ayons une petite pensée pour tous les Michel Contat/Delli-Fiori du monde, entrain de dédaigner le droit au très saint vocable "Jazz". Haussons les sourcils.
Dans le second album, "Hart Genussen von Abba bis Zappa", le ton est donné dès le titre, et la référence à Zappa ne tient pas que par le pot-pourri du moustachu offert en fin d'album, mais pour la séditieuse moquerie qui règne. Même si la reprise de "The orange country lumber truck" est une des versions les plus enthousiasmantes qu'il m'aie été donné d'entendre...
Le premier morceau, la reprise absolument époustouflante du générique des Simpsons en brisure Zappaïennes est un modèle d'arrangement réussi, à la fois par la tension et par la rigueur rythmique de l'ensemble du groupe. Et puis il y a la version au 12ème degré de Gimme, Gimme, Gimme d'Abba qui fera hurler de rire n'importe quel auditeur au mauvais esprit !
Mais il n'y a d'ailleurs pas que des reprises sur cet album. Outre Mediterranean Breeze, des morceaux comme "Bird Wild Web" sont là pour démontrer s'il en était besoin que les étiquettes n'intéressent que les taxidermistes.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir.