Attente
le temps s'étire, les moments passent et on attend. Ces journées sont bizarres, bizarres parce qu'à la fois le temps est là, présent, fluctuant, semble se perdre dans un abîme et que tout laisse entendre que l'on pourrait faire mille choses, et en même temps l'esprit tourne vite et vous rend absolument impotent à toute initiative...
Le temps s'étire et bien qu'il soit un peu vide, on peine à le remplir ; les ronflements d'ennui d'une actualité en boucle, les rodomontades grotesques d'hommes politiques fatigués redonnent au buzz son nom originel, celui d'un vilain bourdonnement comme un frigo mal réglé dans une cuisine blafarde, l'été quand il fait trop chaud...
Un sénateur -ou que sais-je ?- se fait encore une fois de la pub à peu de frais sur le dos d'internet ? Sur le mode du vilain eldorado peuplé de méchants anonymes venus pour faire rien qu'à l'ouvrir ? On sait depuis longtemps que derrière l'escalade de fantasme et d'excitation des bas-instincts se cache la volonté intrinsèque de mettre la populace sous le boisseau. Ces gens là, les gueux se doivent être anonymes et souriants ou bien alors vindicatifs mais exposables à la vindicte... Alors c'est inutile de faire un peu plus de pub à ce genre de discoureurs en mal de reconnaissance. Ça fait trop de bruit.
Et puis l'infortuné Frédéric Lefebvre est tellement mieux coiffé...
Alors le temps s'étire et tous ces verbeux inutiles me semblent de plus en plus éloignés, à tel point que je m'étonne d'avoir pu en tirer même un paragraphe... Le temps s'étire et dans quelques jours, dans quelques heures, dans quelques minutes que sais-je, la vie va changer du tout au tout, avec de petites oreilles toutes neuves qui vont arriver ici.
Cette attente, ce temps suspendu et tellement improvisé (au sens ou je l'entends, c'est à dire préparé depuis très longtemps à arriver quand ce sera l'exact bon moment) est tant plus important que toute cette fange que celle-ci ne me semble même plus s'exprimer dans une langue intelligible.
Et c'est tant mieux.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...