Rattrapage
C'était le 2 juin.
J'avais écris, je m'en souviens : "Voilà des semaines que je ne vous ai pas informé des sorties diverses sur Citizen Jazz, et j'essaierai de vous faire un résumé demain". Alors, soit je n'ai pas tenu mon engagement, soit la journée du 2 juin a eu 120 lunes.
Je vous laisserai juge.
J'ai écrit 40 articles pour Citizen depuis la dernière fois où je vous ai signalé les articles, et ça me semble tout à fait compliqué de détailler ici l'ensemble des articles... Alors, pour faire plus simple, on ne va citer que ceux que j'ai élu. Mais c'est promis, dès lundi on reprend les bonnes habitudes !
Tout d'abord, célébrons le Surnatural Orchestra, qui avec son album Pluir, a marqué un grand coup ce printemps : "Il faut envisager les 19 musiciens du Surnatural et les techniciens qui les entourent aussi bien comme une troupe que comme un grand orchestre. Une approche qui sied à leur musique de saltimbanques flamboyants tout droit sortis d’une bande-son de Nino Rota."
Saluons ensuite les amis de Papanosh, du collectif des Vibrants Défricheurs, qui ont sorti un album absolument scotchant en avril, Your Beautiful Mother. "Tout est né d’une passion commune pour le jazz radical et le répertoire traditionnel du centre et de l’est de l’Europe, peu importe qu’on le nomme Balkans ou Klezmer. Papanosh en a tiré une musique libre et festive, agrémentée de ce petit grain de folie dérisoire qui a forgé l’identité des Rouennais."
Sylvain Rifflet est certainement l'un des musiciens de l'année. En juin, après son splendide Beaux-Arts, il présenta Alphabet. Un album qui restera dans la durée... "On sent la volonté, chez Rifflet, de l’espace à ménager entre les musiciens et la sculpture de précision de la masse orchestrale. Si l’électronique ruisselle de part et d’autre, elle n’est jamais importune. Elle s’instille, teinte durablement l’atmosphère, sans pour autant devenir un sujet central. Elle corrode peu à peu les formes répétitives, leur donnant du relief."
Vingt ans, c'est le bel âge... Aka Moon, ce groupe mythique le fête à l'Unison. Que dire de plus ? "D’accélérations en rythmiques instables, l’alliance entre Galland et Hatzigeorgiou paraît plus galvanisée que jamais. Sur ces fondations sans limites techniques, la sobriété de Cassol n’en est que plus efficace. Auteur de tous les morceaux, il laisse pourtant beaucoup de place à ses comparses tout en indiquant les directions à suivre ou les temps à infléchir."
Des rencontres improbables, la musique est est emplie. Des rencontres probables quoique peu imaginables, c'est plus rare. La rencontre entre Joëlle Léandre est Serge Teyssot-Gay fait partie de la seconde catégorie... Et le disque est formidable. "La force de Joëlle Léandre est de ne jamais chercher à attirer son interlocuteur sur son terrain. Elle laisse les textures rauques et fébriles du guitariste se mettre en place dans un minimalisme toujours prêt à craquer, à laisser une averse de rage s’abattre sur le silence. A l’instar de sa musique, Trans est un objet émacié où les morceaux n’ont de nom que leur durée, comme si l’énergie à venir se passait de notices explicatives."
Depuis que Denis Charolles a décidé d'agrandir sa Campagnie des musiques à Ouïr, que ce soit en concert ou en disque, des perspectives nouvelles, excitantes, s'ouvrent... "Bien sûr, le cœur de chauffe des Musiques à Ouïr reste le trio. Gastard y conserve son rôle d’architecte attentif qui aime à renverser les plans. Lorsqu’il signe « Le petit et le grand gazon », au pivot de l’album, la tension collective se fonde sur un ostinato permettant à chacun, par vagues successives, d’alimenter la densité de la masse orchestrale."
Enfin, terminons sur un solo de piano, celui d'Edouard Ferlet autour de Bach. une réussite. "Plutôt que de s’esbaudir devant la hauteur du vue du Cantor, son chœur et sa nef prestigieuse, Ferlet préfère la distance, les sentiers escarpés, l’ombre des piliers. A l’écoute de « Lisière », qui modèle le Prélude en do mineur pour luth comme on modèlerait de la terre cuite, on sent qu’il recherche les chemins de traverse et les courts-circuits, les moments de méditation et les errances créatrices dans la forêt des contrepoints."
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...