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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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20 mars 2024

Claude Tchamitchian trio - Naïri

On se souvient, peut être, des Traces de Claude Tchamitchian, en sextet, il y a 8 ans qui évoquait l'Arménie de ses ancêtres comme une marque indélébile d'un ailleurs, Ni pays de cocagne, ni obsession, mais une sorte d'identité fugace mais persistante, doux paradoxe dans lequel s'inscrit le contrebassiste marseillais et qui nourrit une musique douce comme un vent d'été.
Avec Naïri, sa nouvelle création paru sur son label Emouvances, Tchamitchian se concentre sur un cœur sans batterie, Une écume portée par la guitare de Pierrick Hardy et la chaleur de la clarinette de Catherine Delaunay, gage d'un aller simple vers la brise. On se souvient de Poetic Power, autre trio de Tcham avec Tom Rainey et Christophe Monniot ; ici, la poésie est plus susurrée, définitivement chambriste ("L'écume des soupirs"), même si le ton peut s'enflammer à l'archet sur la douce mécanique de Delaunay dans "Les Sarmates", incontestablement le morceau le plus brillant de l'album, celui qui voyage le plus aux confins de l'Eurasie et reste gravé dans la mémoire, tant par sa simplicité que par une chaleur immédiate. 
On a l'habitude avec Tchamitchian de se tenir dans la sphère de l'intime. Avec Catherine Delaunay, qui est de tous les bons coups depuis plusieurs années, on va plus loin peut-être, mais avec une pudeur sans pareil : sans jamais se mettre en avant (le chorus caverneux du très beau "Les héros perdus"), Tchamitchian laisse ses comparses dessiner ce qui nourrit sa musique depuis des années. 
C'est cette discrétion et cette volonté de dépasser le simple hommage qui assure un fonctionnement sans redite : on est là dans la question de l'identité, et c'est extrêmement profond ; la clarinette fouaille, la guitare étaye. 
On y plonge avec délice.
Basé sur quatre suites qui semblent agir comme des faces, Claude Tchamitchian décrit, comme le dit si magnifiquement Jean Rochard dans ses notes de pochettes un "géographie de l'espérance". Et c'est définitivement dans cette musique qu'on aime se rendre, quelle que soit le moyen de transport.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

 

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