Le soleil nous fuyant, on le rattrape. Bénissons la Japan rail pour le JR Pass et le Shinkansen qui permet de se déplacer à toute vitesse sur l'ile. Cela nous démangeait d'aller à Hiroshima, dans le sud, pour voir le mémorial de cette atrocité, de la première bombe atomique de l'Histoire, symbole de la Barbarie des Hommes et voir par la même occasion ce qu'Ils savent aussi faire de plus beau, en l'occurrence le Tori dans la mer de l'ile de Miyajima.

Deux heures dans le train le plus confortable du monde et nous voici à Hiroshima, qui semble bien plus vivante que Kyoto, qui par comparaison me parait de plus en plus assise sur ses traditions de ville-sanctuaire, de ville-musée, et de ce fait un peu rabougrie sur son Histoire. Je ne fais pas la fine bouche, Kyoto est une ville magnifique, mais elle ne me semble pas très ouverte.
Hiroshima, donc.
Nous prenons un ravissant Tramway des années 50 qui n'aurait pas déparé à Budapest et nous voilà parti pour le ferry qui en quelques minutes nous mène à Miyajima. L'ile est vraiment très belle : des montagnes, des daims en liberté, et une impression climatique d'arrière pays niçois au mois de juin...

Si on fait abstraction des touristes français qui me feront décidément honte partout (le genre à demander une fourchette dans une gargote du fond de l'ile... Mais conasse, imagine un japonais demander des baguettes dans une créperie de l'ile de Bréhat !) on pourrait dire que l'endroit est idyllique, avec ce Tori rouge vif particulièrement attractif...

On repart en train de banlieue, et nous voila au Dome, le seul bâtiment resté debout après la bombe. C'est fou, mais les larmes sont dans la gorge, tant c'est émouvant, rageant, saisissant... C'est un sentiment mêlé d'une envie de vomir sa misanthropie et de confrontation à ce que peut amener comme folie les névroses belliqueuses des impérialistes...

On fait le tour en silence, le soleil darde, tout ceci est très décalé... La Réalité, la vie qui continue. Mais cette Barbarie est présente à jamais ; c'est une gerçure peu exposée car infligé par les vainqueurs... C'est une image qui me restera longtemps.

L'air est doux dans le parc et nous rencontrons un petit vieux, qui me demande d'où je viens et qui commence à deviser dans un anglais correct de photos et d'objectifs... Il me dit qu'il a 84 ans, et je ne peux m'empêcher de faire le décompte dans ma tête. 21 ans quand "c'est" arrivé. On se prend en photo mutuellement.

Voilà... Demain, retour à Tokyo. Avant de repartir -trop tôt- en Europe...

à suivre...