DJ Shadow-Endtroducing
Puriste. Il parait que c'est le mot qui revient à l'écoute de cet album, si l'on écoute les chantres bisounouresques de "la musique c'est bien, surtout si ça a le gout d'endives" ; Et cuites, encore, les endives... Puriste, non. C'est juste, hormis une bande son des années 90, un disque de Hip-Hop parmi les plus aboutis de tous, de celui qui remue les tripes... Simplement parce qu'il ne sacrifie pas la musique sur le verbe, qu'il regarde devant et derrière au lieu de regarder son nombril ou sa thune et qu'il ne se centre pas uniquement sur le scansion rythmique. Il fait des circonvolutions, va chercher de l'âme dans la machine et appelle a son chevet des influences oubliés, des arrangeurs de folies. Shadow est peut être plus le fils de Pierre Henry que de James Brown, même s'il cite plus facilement le second que le premier. La génération de Shadow, ce sont les premiers ingénieurs du son qui accèdent, grâce à la technique illimité, au statut reconnu de créateur ; avant lui, ils furent nombreux, et parmi eux David Axelrod, qui est l'un des grands influenceur du turntablist... Mais jamais autant dans la lumière et en adéquation avec son temps
On a essayé d'accoler le fâcheux mot de Trip-hop à l'œuvre de DJ Shadow, notamment par les classeurs de style que les étiquettes rassurent... Mais Shadow livre avant tout une musique à la rythmique complexe et très acide, un peu déglinguée et infectieuse qui bouscule les tripes. Un Hip-Hop fiévreux et hallucinogène, puisant ses références dans la musique de film, de rock psychédélique, le jazz et la soul. Un brouet brulant, là encore, à croire que j'aime ça.
Et dans ce joyau, il y a un titre. "Mutual slump", au centre de l'album. Une sorte de thème hanté, aussi vicieux que remarquable qui égraine la litanie d'un clavier qui se confronte à une électronique qui devient folle, urbaine au possible. Un saxophone part sans s'accrocher, tout comme les voix soul. La confrontation repart. C'est gratuit et froid. C'est du bonheur.
Et une photo qui n'a rien à voir. Quoique.