Benzine - Spirea
Franck Vaillant, le leader de Benzine est un batteur ouvert sur les autres courants, qui ne renie aucun genre. Batteur des angevins de Lo'Jo, il s'affranchit de toute étiquette pour faire vivre une musique festive, rythmiquement imparable et abordant toute sorte de genre musicaux, dans une atmosphère de perpétuelle création. Parmi ses multiples collaborations, notons également l'excellent Caroline.
Dans Benzine le projet est vivant, rare, et montre la vivacité du jazz européen, perlé comme je le disais hier par des labels comme Yolk.
Franck Vaillant est un musicien qui a donc baguenaudé dans différents son en proposant toujours un groove fiévreux et des sonorités multiples. Son jeu est polymorphe, comme sa musique et sa technique touche à la prouesse. Benzine incarne donc un jazz fureteur marquant par sa la ligne rythmique, avec dans ce quartet trois autres musiciens de poids, puisque ce sont trois animateurs du collectif Octurn, dont le dernier album a été abordé ici récemment. Et pas des moindres, puisqu'au delà du grand technicien du sax C-melody, Guillaume Orti, ce sont l'incontournable Jozef Dumoulin aux claviers et le scotchant bassiste Jean-Marc Lehr, dont le travail avec Vaillant vaut à lui seul l'album.
On ne se lasse pas de la sonorité ronde de Lehr, et de sa complicité avec Vaillant, de cette assise électrique sur laquelle viennent se poser les phrases énergiques de Dumoulin au Fender Rhodes, et les solis d'Orti, beaucoup plus concerné et moins atmosphérique que d'habitude, plus proche de son remarquable album "windows" avec Kartet. Les quatre musiciens se sont lancé avec Spirea et sous l'influence d'un Franck Vaillant que l'on sent joueur -dans tous les sens du terme- dans un disque de collage alcalin à l'électricité planante, galvanisé par un mauvais esprits "freaks" tout droit sorti des années 70, des seventies qui aurait un gout diablement moderne, et qui avant de s'arrêter chez Zappa aurait pris le thé dans les salons cossus de Canterbury.
C'est ce plaisir de partir dans tous les sens et de se perdre ensemble dans les fausses routes qui guide le quartet et nous emporte dans des chemins de traverse qui mènent à des morceaux de bravoure.
S'il ne fallait garder qu'un seul morceau dans ce collage foutraque d'influence multiple reluquant vers une atmosphère de cartoon déglingué, c'est le bluffant "Armonia de la Sera", ou chacun des solistes de ce quartet emmène le morceau très très loin.
Et bien sur, une photo qui n'a rien à voir... la dernière de Margot... Et notre préférée.