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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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24 octobre 2008

France 2, le retour (Vichy revient, et il n'est pas content)

Je n’ai pas regardé « les infiltrés » sur France 2, mais je n’ai pas besoin d’en savoir plus pour en faire mon affaire : comme l’avait très bien analysé mon ami Eric, ce type de journalisme, qui se généralise ne mérite pas son nom, ni même sa fonction : celle de présenter une vision de la Société à travers un angle, sans abuser ni tromper ses sources, et en étant le plus impartial possible. Impartial ne veut pas dire neutre, car selon l’angle abordé, le journaliste dira ce qu’il en pense, et selon sa peinture des faits, le récepteur de l’information en retirera des choses différentes.
Laissons la neutralité au factuel. Bayonne a battu Biarritz 22-15, la bourse a perdu 9 pur sang, la Star Academy a été remporté par un puceau, bref, ce genre de choses.
Je n’ai pas regardé « Les infiltrés » sur France 2, mais je sais ce que j’en pense : la multiplication des caméras cachées est une plaie du journalisme, démagogique et manipulable à souhait qui donne au récepteur du message informatif l’illusion du réel. L’illusion oui, car le montage existe quand même, l’angle est là, mais le propos du journaliste se dissout dans celui qu’il prétend être. Jeune couple à la recherche d’un logement ou visiteur de prison ; peu importe.
Lorsque Daniel Mermet marche sur les cadavres au Rwanda, dans une des plus déchirantes émissions de radio qui me fut donné d’entendre, il marche en tant que journaliste, en décrivant sa réalité de témoin journalistique. Quand Albert Londres écrit sur le bagne de Cayenne, il le fait en tant que journaliste, décrivant sa réalité de journaliste ; quand un détenteur de carte de presse se fait passer pour un autre pour corrompre des sources, il mène une enquête, mais ce n’est pas une enquête journalistique. C’est une entreprise de dénonciation de faits par une utilisation biaisée d’un montage d’image. Et même si le montage est honnête, même si les fait sont avérés, cela restera biaisé, parce que « l’infiltré » aura trompé ses sources.
Une autre question se pose, implacable : pourquoi ce reportage dans cet endroit ? quels ont été les critères de choix ? Raconter quelque chose ? Dénoncer quelque chose ? Faire du spectaculaire ? Qui a donné précisément cette adresse ? L'angle, c'était de dépeindre une situation in situ, ou de faire du spectaculaire ? De donner à voir ce qu'on s'attend à voir, ce qu'on vous a demandé ?
Je ne saurai répondre.
Je n’ai pas regardé.
Mais je sais ce qui s’est passé après : la dénonciation de l’objet de l’enquête, en loucedé, à la Ministre.
Lorsque le journalisme devient un auxiliaire de Police, pour de vrai, il ne faut plus disserter sur le devenir du journalisme, mais sur l’avenir de la Police. Lorsque le journalisme devient un auxiliaire de Police, non plus pour réclamer le gibet ou la potence comme on en a pris l’habitude mais pour faire les enquêtes à la place des détenteurs de pouvoirs de Police avec une écriture de journaliste, on est en droit de s’inquiéter sur la Liberté de la Presse et sur la Démocratie.
Plus que d’habitude, je veux dire.
J'ai pas parlé de Bayonne tout à l'heure ? Bon, ben la photo a à voir, alors...

41_Bayonne_1


Commentaires
L
C'est une honte cette émission.<br /> <br /> Vive la photo :)
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