L'ingénieur et le produit à chiottes
Une obscure obsession me pousse à lire les commentaires bas-du-front des lecteurs du Figaro et de Libération, ou de Figuration et Libéro, je ne sais plus. Une des phrases stéréotypé de ces phares de la pensée en sachet par paquet de douze, autrement appelé "farine animale", est ce jugement définitif sur les enseignants chercheurs, digne d'un Finkelkraut entrain de faire la critique d'Underground : "Ben les chercheurs, feraient mieux de trouver un remède contre a/ le cancer b/ le sida c/ la faim dans le monde." Rayez la mention inutile frappée du bon sens.
En ce qui me concerne c'est fait.
Ce week-end, en stagnant quelques instants devant la télé, j'ai découvert une pub hideuse d'une marque dont j'ai déjà oublié le nom, mettant en scène des animaux animés plus laids les uns que les autres, entrain de vanter un désodorisant d'intérieur -un de ces truc infâme qui sert à cacher l'odeur confinée des logements indignes- qui contient un détecteur de mouvement pour gicler plus que de nature lorsqu'on agite ses aisselles moites à proximité.
Un instant, fugace, j'ai pensé à ce mou de veau aigri qui écrit ses saillies sur la Recherche à l'abri de son ordi crasseux. Sûr qu'il a ce genre d'ustensile dans son logement horrible.
Sûr qu'il trouve ça génial.
Sûr qu'il trouve ça bien plus utile qu'un ingénieur formé par une école hors de prix, ou même par ses impôts passe des mois à chercher comment qu'on pourrait faire gicler le machin plus fort quand on agite les bras.
Sûr qu'il est content de payer au supermarché son ingénieur surdiplômé à inventer un truc qui sent la vanille de synthèse plus fort quand on remue et le graphiste médiocre qui a pondu cet hippopotame hideux dans cette pub de merde.
Sûr qu'il ne sait même pas ce que c'est qu'un musicologue.
Diable, ce que je hais ces gens.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir. Tant mieux pour elle.