Dans les poulaillers d'acajou
Il y a un côté très amusant à voir les premiers pas de notre ministre de la Culture en papier bible et d'imaginer derrière une vision gouvernementale de la Culture en disneyland patrimoniale pour cuistre complexé.
Il faut regarder cette vidéo de l'Express lors d'un point presse aux Francofolies. Elle est plus parlante que n'importe quelle analyse pour comprendre aujourd'hui quelle vision de la Culture est défendue par ce gouvernement : elle est démagogique, et surtout veut faire croire à ceux qui y arrivent encore que le "bon sens", cette bonne vieille valeur bien pensante, consiste déclarer qu'il n'y d'autres horizons qu'aimer la même chose que tout le monde. Quelle blague !
Voir le ministre déclarer, empourpré, son amour pour les bluettes françaises de Souchon et Delerm quand il va aux Francofolies est assez pathétique. Se grimer dans la posture du type normal qui n'a d'appétence que pour les goûts communs montre quelle va être l'orientation générale de sa politique : on laisse l'auge à la populace qui peut bien s'en contenter et on continue à aimer l'art lyrique entre gens de bonne culture. 50 ans après Malraux, qui voulu ouvrir la culture et le patrimoine à tous dans une volonté de transmission, d'ouverture (la vraie) et d'universalité, on écoute Fairuz et Debussy dans sa chambre et on offre Halliday aux Français en leur expliquant que la fange a le goût d'amandine.
"Mme Butterfly, c'est moi" disait Mitterrand à l'époque où il ne s'embarrassait guère de démagogie et préférait Puccini à Delerm... Il n'y a qu'à regarder les archives de la programmation de la Villa Medicis et l'absence cruelle du "génial " Alain Souchon, dont pourtant le Ministre dit que sa musique "l'accompagne partout" pour s'en convaincre...
Mais le plus dramatique est cette absence de réponse sur l'éviction d'Orelsan des Francofolies. Il eut été normal que le ministre se positionne, aie une réponse claire et une position tranchée sur, pour le moins, l'intervention des politiques sur les programmations de festivals subventionnés, voire sur la liberté de création...
Mais pour tout ces sujet sérieux, il y a fort à pense que nous aurons toujours le même sourire de Frédo lunaire accompagné d'une blagounette décalée comme il savait si bien le faire à la télévision. Je crains que ce ne soit pas suffisant longtemps et que nous n'ayons pas fini d'en parler.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir.