MySpace's not dead...
...But it smells funny.
Un excellent article de New Wave Hooker interroge sur l'avenir de MySpace et sur sa mort programmée, annoncée, décriée... Il ne faut pas se le cacher, MySpace qui fut précurseur dans beaucoup d'utilisations des médias sociaux a perdu beaucoup d'intérêt pour une frange de ses utilisateurs à l'apparition de Facebook, le "Copains d'avant" hype. Mais musicalement, quel intérêt puisqu'il n'offre pas la possibilité de se balader dans du "contenu" musical, photographique ou autre ?
En réalité, mis à part une communauté factice, comme peut l'être d'ailleurs une certaine forme d'utilisation de MySpace, Facebook n'est pas grand chose. Un "the place to be" parmi d'autres.
MySpace a une qualité majeure, celle de permettre une vraie découverte en baguenaudant, en se laissant aller de pages en page vers les goûts de chacun des membres. Ça permet de découvrir des scènes régionales, des groupes improbables ou des affinités électives que l'on imaginait pas forcément... Bref, de se faire un bon surf à l'ancienne tout en ayant la certitude de rester dans une sérendipité contenue à ce qu'on venait chercher : de la nouvelle musique et des nouveaux groupes.
Là où l'article de NWH a raison, c'est sur le constat de l'OPA ratée de MySpace sur la musique Pop. A force de claironner partout que toute la musique passait sur le site, il ne s'y place plus grand chose de global. Tout a été tenté, des "MySpace Secret Show" aux partenariats, mais il semble que les artistes cornaqués par les Majors soient allés plus ou moins se faire voir ailleurs. Panurge oblige, tous les groupes "garagistes" et tous les "fans" ont suivi les stars dans ces ailleurs qui condamnent à terme le vénérable espace. Soyons clair, cela a un bienfait : on évite, ou du moins on limite les invitations à aller écouter l'énième groupe de rap français en plein egotrip et le tantième groupe de pop anglaise de Laval qui massacre un mauvais synthé sur une voix d'oie blanche.
La preuve que ça va mal, il n'y a plus non plus de spam de jeunes dépoitraillées de Frisco qui veulent trop devenir potesse avec toi.
Là où l'article de NWH a tort, c'est que MySpace est entrain de muter, vers un modèle économique qui le condamne peut être tout autant : celui de la promotion des musiques de marge. MySpace, son design cheap, sa facilité d'utilisation et son architecture qui favorise les collectifs permet à des musiciens qui peinent à faire entendre leur musique de se reproduire un réseau musical au delà des limites de leur rayonnement. Je ne compte pas les liens sur ce blog vers des groupes, voire vers des musiciens présents dans les groupes qui ne sont ni sur Deezer, ni sur MusicMe, ni sur Spotify (dont les labels indépendants sont le cadet des soucis), ni sur quoique ce soit d'autre, et qui peuvent s'en faire un site qui permet au lecteur de mes chroniques par exemple d'aller écouter in situ leurs productions.
En réalité, MySpace n'est presque plus dans le buzz, et donc déjà moins
dans le business. Ce n'est pas le moindre de ses défauts.
MySpace a permis à des passionnés comme moi de mettre en lumière des scènes régionales, d'aller plus loin et de nourrir aussi les chroniques, de faire des découvertes et de rattraper les lacunes... Et surtout de contacter les artistes pour des interviews, des demandes d'envoi presse, etc. Et c'est un gain de temps appréciable. Et de ces points de vue là, MySpace a encore beaucoup d'avenir devant lui.
Après, évidemment, il y a Twitter. On n'a pas fini je pense de se rendre compte de l'intérêt de cette immense cour de récré pour la prescription culturelle et la diffusion d'info, d'autant que tous les jours de nouvelles fonctionnalité s'ajoute, et anihilera peut être à terme l'intérêt de MySpace pour la découverte et la promotion des musiques et a fortiori des musiques de marge. Mais Twitter est bien plus vertical que MySpace. Il n'y a que de la prescription de l'instant qui se périme aussitôt. Donc là aussi, il ne faut pas croire que la maison bleue a définitivement jeté l'éponge.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir.