Les malheurs de Sophisme
S'il fallait décerner un prix de sophisme, il n'y aurait pas longtemps, ces derniers jours pour trouver le lauréat. Il serait un proche du pouvoir et aurait écrit une tribune dans le Monde. Aristote peut aller se rhabiller, y'a concurrence dans le quotidien vespéral.
Louvrier est un orfèvre. Il faut lire son texte, plusieurs fois, pour s'impregner de l'argumentation du pouvoir à propos de l'expression publique d'Internet, lame de fond décidément ni maitrisée ni comprise. Un an après, en d'autres termes, les fantasmes sont toujours les mêmes, résumés avec bien plus de talent que moi par Owni. La même sauce est versée, Twitter a remplacé Facebook dans l'inconscient des profanes, comme un espèce de répulsif, le genre de loup-garou qui fait peur aux 4-6 ans : c'est terrifiant, fait vite voir... Le message est le même : peur et méfiance sous couvert de tolérance. Il y a des pirates et des malades. Il y a du mensonge et de la contrefaçon. Il y a des pensées qui ne sont pas bien. On vous aura prévenu.
Il faut lire chacune des phrases pour arriver à la conclusion que pour ces architectes du pouvoir, la culture n'est qu'un buzz, une distraction pour la plèbe, et se doit d'être "personnelle" avant d'être "universelle". Twitter, la musique, c'est idoine, tant qu'il y persiste la possession et le pouvoir. Jouissez sans entrave, soyez propriétaire.
Il faut lire jusqu'à s'en saouler le lent glissement sémantique de la libre expression au contrôle, de la nécessité de ne pas laisser la parole libre si elle n'est pas validé par les transmetteurs reconnus, ceux qui racontent à la télé la grippe à chats et nains avant de parler d'autres infos volatiles (la grippe aviaire ?).
Ensuite, il faut s'aérer un peu l'esprit. Ecouter un bon disque ou se promener pour laisser infuser... Revenir devant son ordinateur, respirer un bon coup et lire L'interview de Michel Serres dans les Echos. Oui, les Echos. Tout arrive...
Le choc est terrible.
Qu'on aime le philosophe ou qu'il agace, un constat se fait naturellement : la simplicité chasse d'une pichenette le simplisme, et "ce n'est pas parce que le piétinement est énervé que ce n'est pas un piétinement"...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...