Massot/Florizoone/Horbaczewski - Cinema Novo
Depuis les années 90, lorsque avec Fabrizio Casol et "trio Bravo" il faisait avancer le bouchon d'un jazz européen en liberté, friand de voyages musicaux, qu'ils soient au long cours ou au bout de la rue, Michel Massot explore une musique poétique et profonde en trio, également avec ses amis de Tous Dehors, son compatriote Binchois Michel Debrulle ou Laurent Dehors lui-même, qui furent ses comparses dans l'avatar "trio Grande".
Michel Massot, que ce soit dans ses formations ou lors de ses participations récentes à Print, ses apparitions aux côtés de Ducret ou de laurent Blondiau reste un musicien à la palette très large, ses deux instruments de prédilection, le tuba et le trombone permettant un spectre très large de timbres et de sensations.
Toujours très actif sur la scène belge -Massot est prof à l'illustre conservatoire de Liège qui récompensa il y a peu Anthony Braxton-, Michel Massot explore de nouveau l'introspection poétique du trio avec deux magnifiques musiciens belges qui le suivent dans une musique sensible, toujours à la recherche du dépouillement qui laisse l'émotion tenir à un fil.
Dans son dernier album, Cinema Novo, les deux autres pointes du triangle, l'accordéoniste flamand Tuur Florizoone et la violoncelliste Marine Horbaczewski partage avec lui cette volonté d'exprimer un folklore imaginaire fragile et chimérique dans une démarche très collective, avec une formation musicale assez atypique, qui joue là aussi sur le timbre filant sur la lame d'un couteau. Comme un clin d'oeil, l'album s'ouvre d'ailleurs sur "L'acrobate", compostion de Massot déjà présente sur Trio Grande et qui résume bien l'atmosphère de l'album, entre fragilité et harmonie.
La photo de l'album représente les trois musiciens sur une plage du Nord (De Panne, je pense, Oostende en fait, confirmé par Tuur lui même...) en un reflet impressionniste. Spontanément, la musique évoque d'ailleurs les plages du nord en hiver, lorsque le souffle du vent rend l'immensité prompt à la méditation et à la légèreté...
Qu'il rythme les élans dégingandés de ce formidable improvisateur qu'est Tuur Florizoone ou qu'il joue sur le souffle, le growl ou la mélodie, comme dans le morceau "l'attentive", Massot est fidèle à lui-même, aussi discret qu'époustouflant... La jeune violoncelliste Marine Horbaczewski, venue de la musique
contemporaine enveloppe les compositions des deux autres avec douceur,
s'offrant ça et là de magnifiques plages discursives et chimériques. Quant à Tuur Florizoone, la réjouissante découverte de ce remarquable accordéoniste dans l'épure est la meilleure nouvelle d'un disque qui est un petit bijou d'émotion.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...