Denis Colin & la société des Arpenteurs - Subject to Change
Les retours de Denis Colin dans les colonnes de l'actualité du disque sont toujours des évènements mâtinés de plaisir. D'abord parce que le clarinettiste est depuis plus de 30 ans un musicien qui compte de la scène jazz européenne, mais aussi parce qu'il se fait rare et que chacun de ces albums recèle un souffle, une nouveauté qui irradie aussi profondément que les tirades de clarinette basse du leader. Parce qu'on ne peut parler de ce musicien sans évoquer ce son profond, tellurique qui le caractérise et que Subject to change expose tout aussi parfaitement que le remarquable album de clarinette basse solo que Colin avait sorti au tout début des années 90.
Denis Collin a joué aux USA (avec Shepp ou la scène de Minneapolis), avec la fine fleur des premiers free-jazzmen français (Tusques, Silva...). Depuis deux ans, il s'est attelé à fonder cette société des Arpenteurs en s'adjoignant des musiciens remarquables pour un résultat absolument réjouissant, plein de vie et d'enthousiasme, plein de cette communicabilité immédiate qui groove imperturbablement, renouant avec l'esprit de la "musique de combat" des "Unit" des années 70.
"Subject to change" n'est pas pas qu'une manifestation météorologique
extraodinaire telle celle de la magnifique pochette : Colin a arpenté
(à tous les sens du terme) les salles de concerts pour découvrir une
jeune scène jazz époustouflante qu'il a convié dans cet album pour huit perles scintillantes où chacun des musiciens semble prendre sa part, et tendre vers un même but : servir une belle écriture qui fait bouger les pieds tous seuls, une musique souple et malléable comme ce tentet ouvert et riche, qui reste mouvant et innovant...
Dans la société des arpenteurs, Il est de ces musiciens que l'on retrouve d'ailleurs toujours dans les bons coups en cette année 2009 : c'est le cas du contrebassiste Stéphane Kerecki, remarquable de clarté et de rondeur dans "Yes et autres yes !" le morceau le plus remarquable de l'album où l'inestimable Sylvaine Hélary, toujours tranchante, boulversante et
efficace quand il s'agit de donner des flûtes ou de la voix fait également miracle. Pour le reste, l'ossature solide va du clavieriste Benjamin Moussay, dont le rhodes n'en finit pas de sonner comme une moderne résurgence seventies et donne un son funky et urbain, au batteur Eric Echampard, venu apporté sa puissance dans ce projet. Mais globalement, A l'image du guitariste Julien Omé du Bruit du [sign] ou de Fabrice Theuillon le sax baryton du Surnatural, chacun des pupitres est absolument réjouissant !
Alors, si l'on ajoute à ça la présence en tant qu'invité de Tony Malaby sur quelques titres, on en arrive à une conclusion simple : il est d'ors et déjà dans les dix meilleurs albums de 2009 !
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...